Bouteilles en plastique non recyclables : bientôt un malus ?

Publié le 2 février 2017 à 12:40 Aujourd'hui

Instaurer « un malus » sur les bouteilles de lait en plastique PET opaque, c’est que souhaite la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal.

La semaine dernière, Zero Waste France avait interpelé les consommateurs sur les nouvelles bouteilles de lait vendues dans certains supermarchés. Plus brillantes, plus légères et sans opercule en aluminium, ces bouteilles sont en PET opaque. Problème, elles ne se recyclent pas et posent de gros problèmes dans les chaînes de tri. « La présence de bouteilles en PET opaque perturbe le recyclage des autres types de bouteilles car les centres de tri n’ont pas été conçus pour les identifier et les séparer du reste », avait dénoncé l’association. Les industriels du recyclage avaient également alerté sur les problèmes engendrés par le PET opaque. Zero Waste France avait ainsi lancé une pétition pour interdire aux distributeurs, en l’occurrence Carrefour, Monoprix-Casino, Système U et Intermarché, de renoncer « immédiatement » à l’utilisation de ce matériau, censé être plus économique.

Mercredi 1er février, Ségolène Royal a annoncé vouloir instaurer « un malus » sur les bouteilles de lait en plastique PET opaque. « J’ai demandé aux éco-organismes (chargés d’organiser la collecte et le tri, ndlr) dans un délai de quinze jours de me faire une proposition pour mettre en place un malus sur les bouteilles de lait en plastique opaque, afin qu’elles ne présentent plus d’avantage en termes de coût pour les industriels de l’agroalimentaire », a déclaré la ministre, citée par l’AFP, lors d’un colloque sur l’économie circulaire au ministère. Elle a également ajouté qu’elle étudie « la possibilité d’interdire la mise sur le marché des bouteilles en PET opaque, tant que les solutions de tri et de recyclage ne sont pas mises en place ».

« Une prise de position forte »

Zero Waste France a salué « cette prise de position forte de la Ministre, qui a su entendre la mobilisation citoyenne des derniers jours ». Elle indique toutefois rester vigilante « sur les modalités d’application de ce malus, qui doit être dissuasif et immédiat. L’association demande par ailleurs que les bouteilles en PET opaque « soient clairement étiquetées comme étant non recyclables ». « Les fausses allégations environnementales affichées sur certaines bouteilles non recyclables doivent être rapidement supprimées et interdites. Il est incohérent que des emballages pénalisés pour leur nocivité pour l’environnement puissent continuer à l’afficher des messages mensongers pour les consommateurs », souligne l’association dans un communiqué.

Nicolas Garnier, le délégué général d’Amorce, l’association représentant les collectivités locales, qui sont en charge de la gestion des déchets, a également salué cette avancée. Mais tout comme Zero Waste France, il attend de savoir « de combien sera le malus : il ne doit pas seulement compenser le gain financier que représente le PET opaque pour les industriels, il doit être suffisamment important pour dissuader de recourir à des résines non recyclables », a-t-il indiqué aux Échos.

Un plan d’actions d’1,5 million d’euros

Éco-Emballages, l’éco-organisme en charge des emballages ménagers, avait assuré qu’il était « faux de dire que les bouteilles en PET opaque ne sont pas recyclées ». Dans un communiqué, il  réaffirme que le PET opaque « se recycle en mélange avec du PET coloré pour la production de fibres synthétiques, principal débouché des recycleurs, à condition de ne pas dépasser 15% maximum ». Il souligne toutefois qu’en 2016, « le taux moyen d’emballages en PET opaque dans les balles de PET coloré est de 12% mais avec des pointes allant au-delà de ce seuil ».

Dans ce même communiqué, l’organisme a annoncé un « plan d’actions, d’un montant d’1,5 million d’euros pour 2017, pour trouver des solutions à l’augmentation du PET opaque à recycler ». « L’enjeu est donc désormais de trouver des solutions techniques pour minimiser le taux d’opacifiants minéraux dans les emballages, et pour développer des débouchés propres au PET opaque afin d’accompagner sa croissance », explique Éco-Emballages. Ce plan comprend trois axes : l’éco-conception des emballages en PET opaque (travailler avec les conditionneurs et leurs fournisseurs d’emballages sur la réduction du taux d’opacifiants, leur nature et leurs fonctionnalités), un programme sur le process de régénération et de recyclage (aider les recycleurs à gérer les excédents actuels, à améliorer les process et augmenter le seuil d’intégration du PET opaque) et la recherche de débouchés à valeur ajoutée. Ces derniers pourraient être trouvés dans les matériaux destinés au bâtiment.

Justine Dupuy

Sur le même thème