Pesticides tueurs d’abeilles : l’interdiction bientôt assouplie ?

Publié le 26 juin 2017 à 11:44 Aujourd'hui | 1046 vues

Le ministre de l’Agriculture a annoncé ce lundi 26 juin son intention de revenir sur la législation interdisant, sauf dérogations, les pesticides tueurs d’abeilles, les néonicotinoïdes. (Mise à jour : l’annonce a été démentie par Matignon). 

Que serait le monde sans les abeilles ? Ces insectes pollinisateurs, responsables d’une grande majorité de nos cultures, sont menacés par des multiples facteurs. Parmi eux, les néonicotinoïdes, utilisés en agriculture pour la protection des plantes. L’an dernier, les députés ont décidé d’interdire ces pesticides tueurs d’abeilles à partir de 2018, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. Mais voilà que le nouveau gouvernement pourrait faire machine arrière. Selon un document interministériel daté du mercredi 21 juin et que s’est procuré RMC, il envisagerait de revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes, mais aussi sur l’épandage aérien, à savoir la pulvérisation par les airs de pesticides.

Couac au sein du gouvernement

La raison ? La législation française « n’est pas conforme avec le droit européen » qui est plus souple, a déclaré sur RMC le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert. En clair, l’interdiction des néonicotinoïdes en France « va plus loin que ce qui est prévu par la réglementation européenne ». « Il y a d’autres produits, où nous avons des impasses techniques, qui ne connaissent pas de substitution. Nous devons pouvoir autoriser des dérogations pour permettre leur autorisation afin que nos producteurs puissent continuer à travailler dans de bonnes conditions », a-t-il expliqué. Concernant l’épandage, le gouvernement n’y reviendra pas mais des « dérogations pourront être prises uniquement en cas de crises sanitaires graves ».

Le ministre a indiqué vouloir travailler avec le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, pour qu’ils soient « en phase ». Pour rappel, les néonicotinoïdes ont été interdits grâce à l’actuel ministre de la Transition écologique et solidaire. La réaction de ce dernier a été immédiate. Sur Twitter, Nicolas Hulot a indiqué que « les interdictions de néonicotinoïdes et épandage aérien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens ». Également interrogé par RMC, il a affirmé que le texte n’était plus « d’actualité ».

« Stupéfait », « choquée »

Un tel retour en arrière a fait bondir de nombreuses personnalités politiques. Sur Twitter, l’ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon s’est dit « stupéfait d’apprendre sur RMC ce matin que le gouvernement pourrait revenir sur l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles ». « Dire que la loi française sur les néonicotinoïdes est contraire au droit communautaire est un mensonge. Nous avons le droit de mieux protéger », a fait savoir sur le réseau social Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’Environnement. «Non à la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles: notre santé vaut plus que leur soumission aux lobbies qui gouvernent l’UE», s’est insurgé l’eurodéputé FN Florian Philippot.

L’ONG Générations Futures a aussi immédiatement réagi et s’est dit « choquée par ces mesures envisagées  qui constitueraient de véritables régressions en matière d’environnement et de santé et, en même temps, des cadeaux incroyables à l’industrie des produits chimiques ! ». « Il faut que le ministre de la Transition Ecologique et Solidaire bloque ces mesures à tout prix. Si la France a parfois une avance sur la législation environnementale européenne c’est une très bonne chose. Elle contribue ainsi à faire évoluer la législation européenne dans ces domaines où elle est précurseur. C’est ce qui s’est passé dans le cas de l’interdiction du bisphénol A ou dans celui des néonicotinoïdes : la France a ouvert la voie et l’Union européenne a suivi quelques temps plus tard. La France doit conserver ce rôle de leader en matière d’environnement en Europe, et non se contenter du ‘minimum syndical ! », a déclaré François Veillerette, Directeur de Générations Futures.

Matignon donne raison à Nicolas Hulot

Mise à jour 26/06/2017 : Dans un communiqué, publié à la mi-journée, le Premier ministre a donné raison à Nicolas Hulot et a confirmé que le gouvernement ne reviendra pas sur l’interdiction des néonicotinoïdes : « Le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016. Cet arbitrage a été pris à l’occasion d’une réunion tenue à Matignon le 21 juin dernier », tout en indiquant qu’un « travail est en cours avec les autorités européennes ».

 

 

 

Marine VAUTRIN

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