Pollution : découverte d’une larve mangeuse de plastique
Publié le 25 avril 2017 à 15:57 Demain | 2136 vues
Et si une petite larve pouvait nous débarrasser des plastiques qui polluent nos terres et océans ? L’espoir est permis grâce à la découverte d’une espèce capable de dévorer le polyéthylène, matière plastique très résistante.
Chaque année, mille milliards de sacs plastiques sont utilisés dans le monde et chaque individu utilise en moyenne plus de 230 de ces sacs, produisant plus de 100 000 tonnes de déchets. Ces détritus se retrouvent souvent dans la nature où ils mettent des siècles à se dégrader. Ils finissent aussi dans les océans. Entre 8 et 10 millions de tonnes de plastique sont déversées tous les ans dans les mers et océans du globe, tuant 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins. Il y a donc urgence !
Des chercheurs ont peut-être trouvé une solution pour dépolluer notre planète : la larve de la fausse teigne de la cire (Galleria mellonella). Celle-ci est élevée commercialement pour servir d’appât à la pêche. À l’état sauvage, elle est un danger pour les abeilles d’Europe. C’est un parasite des ruches qui se niche dans la cire d’abeilles. Mais cette larve a aussi une autre particularité, elle est capable de dévorer le polyéthylène, l’une des matières plastiques les plus résistantes, utilisées dans de nombreux emballages.
Une biodégradation « extrêmement rapide »
Federica Bertocchini, chercheuse au Centre espagnol de la recherche nationale (CSIC) et à l’origine de cette trouvaille, a découvert le pouvoir « dépollueur » de cette larve en constatant les dégâts sur ses propres ruches. Elle s’est ainsi rendu compte que les sacs en plastique dans lesquels elle avait placé la cire des ruches infectées par ce parasite étaient rapidement criblés de trous.
Avec des chercheurs de l’université de Cambridge, elle a mené une étude sur cent vers exposés à un sac de supermarché, fait de polyéthylène. Des trous ont commencé à apparaître après seulement quarante minutes. Au bout de douze heures, la masse de plastique du sac a été réduite de 92 milligrammes. Selon les scientifiques, qui ont publié leurs travaux dans la revue Current Biology lundi 24 avril, ce taux de dégradation est « extrêmement rapide », comparé à la bactérie découverte l’année dernière, capable de dégrader certains plastiques au rythme de 0,13 milligramme par jour seulement. Aujourd’hui, le processus de dégradation chimique du plastique dure plusieurs mois et des produits très corrosifs, comme l’acide nitrique, sont utilisés.
Selon les chercheurs, la larve ne se contente pas d’ingérer le plastique. Elle le transforme ou le brise chimiquement avec une substance produite par ses glandes salivaires. « On ne connaît toujours pas les détails du processus de biodégradation, mais il est possible qu’elle soit due à une enzyme. La seconde étape est de la détecter, l’isoler et la produire in vitro à échelle industrielle. On pourra ainsi commencer à éliminer de façon efficace cette matière si résistante », détaille Paolo Bombelli, de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, un des principaux co-auteurs de ces travaux.
Cette larve sauvera-t-elle nos océans ? À ce rythme, si rien ne change, les eaux pourraient contenir plus de morceaux de plastique que de poissons en 2050. Cette larve est donc un espoir.