Le saumon bio, pas si clean que ça ?
Publié le 24 novembre 2016 à 11:14 Aujourd'hui | 1143 vues
Selon une enquête du magazine 60 millions de consommateurs, les saumons frais bio sont plus contaminés que les saumons non bio.
Qu’il soit frais ou fumé, le saumon est la star des fêtes de fin d’année. À l’approche de Noël, le magazine 60 millions de consommateurs s’est intéressé à ce poisson. Et contrairement à ce que l’on peut penser, le saumon frais bio est loin d’être indemnes de tout toxique, d’après les résultats de son enquête à paraître ce jeudi 24 novembre, intitulée « Saumon : carton rouge pour le bio ».
60 millions de consommateurs a analysé en laboratoire dix pavés de saumon frais et quinze saumons fumés. Dans les échantillons, certains étaient bio et d’autres conventionnels, à savoir non bio. Les analyses, réalisées en partenariat avec l’émission de France 3 Thalassa, ont notamment porté sur les teneurs en métaux (plomb, mercure, arsenic), en dioxines et PCB, en résidus de pesticides et de médicaments vétérinaires.
Les saumons non bio moins contaminés qu’avant
La bonne nouvelle, c’est que les saumons frais issus de la filière conventionnelle, sont moins contaminés qu’il y a deux ans. Mais la mauvaise, c’est que ce sont les saumons frais bio, particulièrement ceux vendus aux rayons frais, qui sont les plus contaminés, et dans des proportions plus importantes que lors des tests réalisés par le magazine en 2014. « Et ce, que les poissons viennent de Norvège ou d’Irlande, fief de l’aquaculture biologique », note le magazine. La contamination en métaux (mercure et arsenic) s’est avérée plus forte pour les pavés de saumon frais bio que pour les conventionnels.
Toutefois, 60 millions de consommateurs souligne que les teneurs de mercure retrouvées dans les poissons analysés restent tout de même bien en deçà du seuil de la limite réglementaire (0,5 mg/kg de poisson frais). La concentration la plus importante observée est de 0,05 mg/kg. Les teneurs en arsenic sont plus variables d’une référence à l’autre et ne représentent pas de danger pour la santé. Quant aux pesticides, les résultats surprennent car seuls les pavés de saumon bio sont contaminés. Quatre résidus de pesticides ont été retrouvés. « Tous ces pesticides – des organochlorés – sont interdits depuis plusieurs années et, comme les autres polluants, ils sont liés aux filières d’approvisionnement », indique l’association.
L’alimentation des poissons en cause
Selon les experts interrogés par le magazine, l’environnement ne serait pas en cause mais l’alimentation des poissons. « Indéniablement, un certain nombre de polluants est apporté par la nourriture, explique Fabrice Telechea, spécialiste de la domestication des poissons à l’université de Lorraine. Elle est composée en partie de farines et d’huiles animales, issues de poissons sauvages susceptibles d’accumuler ces résidus ».
« On ne va pas dire que le saumon est un poison et qu’il ne faut plus en manger, loin de nous cette idée », a déclaré à l’AFP Patricia Chairopoulous. « Ça peut appeler les industriels à être peut-être plus vigilants sur la nature et la propreté de l’alimentation qu’ils donnent à leurs saumons », a-t-elle ajouté toutefois.
Concernant les 15 saumons fumés analysés, ce sont eux qui s’en sortent le mieux. « Un résultat lié sans doute au mode de préparation du produit : en retirant les parties riches en tissus graisseux, on réduit les contaminants », explique 60 millions de consommateurs.