Tampons, serviettes : des traces de substances chimiques détectées
Publié le 17 mai 2017 à 16:58 Aujourd'hui | 1109 vues
La DGCCRF a analysé la composition des produits d’hygiène féminine. Tous contiennent des traces de substances chimiques mais « à des concentrations très faibles ».
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a mené une enquête sur les serviettes, les protège-slips, les coupes menstruelles et les tampons utilisés par des millions de femmes. Des tests ont été menés en laboratoire afin de détecter la présence éventuelle de traces d’allergènes, de conservateurs, de résidus de pesticides ou encore de glyphosate, le fameux herbicide, de phtalates et de dioxines et de furanes (produits polluants organiques). 27 références vendues sur le marché ont été analysées : 6 tampons (dont deux revendiquant une fabrication « bio »), 9 serviettes hygiéniques (dont deux « bio »), 7 protège-slips et 5 coupes menstruelles.
Résultats ? Tous les tampons contiennent des traces de dioxines, de furanes et d’EOX. Un seul contenait de l’AOX et un autre de phtalate. L’AOX et l’EOX sont des composés organiques halogénés extractibles et absorbables. Dans les serviettes hygiéniques, des traces d’HAPs (hydrocarbures aromatiques polycycliques) ont été détectées dans 6 références. Une serviette contenait des traces de phtalate et une serviette « bio » portait des traces d’AMPA, un produit de dégradation du glyphosate ! Les protège-slips ne font pas mieux puisque des traces d’HAPs ont aussi été observées dans 4 produits. Une référence parfumée contenait, elle, des traces d’un allergène (le lilial) et une autre d’un résidu de pesticide (le lindane) interdit en France.
Pas de danger « grave et immédiat »
Toutefois, la DGCCRF se veut rassurante car les substances chimiques mises en évidence ont été retrouvées « à des concentrations très faibles ». « Ainsi, les services de la DGCCRF n’ont pas détecté de danger grave et immédiat sur les produits testés », soulignent-ils, précisant cependant qu’il « n’existe pas de réglementation ou de normes fixant la teneur maximale pour ces substances dans les produits d’hygiène féminine ». Le danger n’est pas exclu et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a d’ailleurs été saisie afin de clarifier la situation. « Il convient de noter que l’obligation générale de sécurité (OGS) s’applique à ce type de produit et impose donc, même en l’absence de réglementation technique précise, au fabricant de mettre sur le marché un produit ne présentant aucun risque pour la santé », rappelle la DGCCRF.
Avertissement sur le syndrome du choc toxique
La Répression des fraudes s’est aussi intéressée aux emballages de ces produits. L’objectif ? Vérifier « la visibilité, l’intelligibilité et l’adéquation des avertissements et mises en garde portés par le produit au regard de la dangerosité potentielle liée à son utilisation, tout particulièrement concernant le syndrome du choc toxique ou SCT ». Les résultats de la DGCCRF sont rassurants puisque la mise en garde sur le STC apparaît sur l’intégralité des boîtes de tampons et leur notice.
Pour rappel, le syndrome du choc toxique est une infection grave, potentiellement mortelle. Elle est causée par des toxines produites par une bactérie, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). Celle-ci est naturellement présente chez 30 à 40% de la population au niveau du nez, de la peau, ou du vagin. L’infection n’est donc pas seulement due aux règles mais peut apparaître après une opération, une blessure ou un traitement affectant le système immunitaire. Les rares femmes porteuses de la bactérie (1%) dans leur vagin sont plus à risque. Si elles portent un tampon au moment de leurs règles, le fluide menstruel est bloqué et reste au chaud. C’est donc un milieu de culture formidable. Et si la bactérie est présente, elle peut produire une toxine (TSST-1) qui va passer dans le sang. Il est donc important de changer de tampon très régulièrement, soit toutes les quatre heures. Au-delà, la bactérie peut se développer et donc produire la toxine. L’infection peut s’avérer dramatique. En 2012, Lauren Wasser, un mannequin âgé de 23 ans à cette époque, avait dû être amputée d’une jambe.
Si la mise en garde sur le SCT figure bien sur les emballages, la composition des produits est, elle, souvent absente. Cette indication, non obligatoire, est retrouvée sur une seule référence de serviette hygiénique et deux tampons « bio ». Mais Tampax devrait bientôt rejoindre le trio. Début janvier, le fabricant s’est engagé à faire figurer les composants de ses tampons sur ses emballages. Quant aux coupes menstruelles, toutes indiquent leur composition. Cependant, la DGCCRF a demandé la modification de leurs notices afin de prendre en compte dans les précautions d’emploi le risque de SCT, suite à un cas rapporté en France.