10 fois plus de cas d’obésité infantile qu’il y a 40 ans
Publié le 11 octobre 2017 à 11:36 Aujourd'hui | 909 vues
En 40 ans, les cas d’obésité chez les enfants et adolescents ont été multipliés par 10. Cependant, des disparités entre les régions du monde existent. C’est ce que révèle une étude menée par l’Imperial College London et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), mardi 10 octobre.
« Pour votre santé, mangez 5 fruits et légumes par jour », « Mangez, bougez », tels sont les slogans que nous entendons à longueur de journée, peu importe le pays où l’on se trouve. La lutte contre l’obésité infantile est devenue l’un des combats majeurs dans nos sociétés. Malheureusement, une étude publiée le 10 octobre 2017 dans la revue médicale The Lancet, révèle qu’en 2016 124 millions de jeunes âgés de 5 à 19 ans étaient considérés comme obèses. Les résultats de l’étude montrent que le pourcentage d’enfants et d’adolescents obèses est passé de moins de 1% (5 millions) en 1975 à près de 6% (50 millions) chez les filles et près de 8% (de 6 à 74 millions) chez les garçons, en 2016. Autrement dit, en 40 ans, le nombre de jeunes filles obèses a été multiplié par 10 et par plus de 12 pour les garçons.
En plus des 124 millions de jeunes obèses, il faut en ajouter 213 millions qui sont en surpoids mais en dessous du seuil de l’obésité. Des chiffres alarmants puisque si cette tendance perdure, le nombre d’enfants et d’adolescents obèses pourrait être supérieur à ceux souffrant d’une « insuffisance pondérale modérée ou grave »d’ici 2022.
Jusqu’à 30% d’enfants obèses dans certaines régions
Bien que ce phénomène concerne toutes les régions du monde, des disparités existent. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas aux États-Unis que la proportion d’enfants et adolescents obèses est la plus grande. Les pays où le pourcentage de jeunes corpulents est le plus élevé (plus de 30%) sont : les Îles Cook, Nauru, les Palaos, Niue et les Samoa américaines, autrement dit, majoritairement en Polynésie. Le pays de la malbouffe n’est pas très loin puisque avec les États fédérés de Micronésie, d’autres îles de Polynésie, l’Afrique du nord (Égypte), le Moyen Orient (Koweït, Arabie Saoudite, Qatar) et le Canada, il fait partie des régions du monde où le taux d’obésité infantile flirte ou dépasse les 20%.
L’étude met en avant un autre élément. Alors que dans les pays les plus riches ce taux semble stagner voire diminuer, il augmente fortement dans les pays les plus pauvres. C’est ce qu’affirme le Professeur Majid Ezzati de l’école de santé publique de l’Imperial College London : « les taux d’obésité chez les enfants et les adolescents ont grimpé en flèche dans le monde entier, et la tendance se poursuit dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Plus récemment, ils se sont stabilisés dans les pays à revenu élevé, mais les niveaux d’obésité restent toutefois inacceptables », explique-t-il. C’est notamment le cas pour une large partie de l’Afrique (l’ouest, le centre, l’est et le sud) ainsi qu’en Asie du sud, du sud-est et de l’est. Ces régions comptent à elles seules plusieurs centaines de millions d’enfants et adolescents obèses. À titre comparatif, l’Europe ne compte qu’à peine « une trentaine » de millions.
L’obésité touche les plus pauvres
Selon le Professeur Majid Ezzati, cette tendance n’est pas le fruit du hasard, cela « reflète l’impact de la commercialisation des produits alimentaires et des politiques dans ce domaine à l’échelle mondiale, avec des aliments sains et nutritifs trop chers pour les familles et les communautés défavorisées ». Et ajoute : « il nous faut les moyens de faire en sorte que les aliments sains et nutritifs soient davantage disponibles, dans les foyers comme dans les écoles, en particulier dans les familles et les communautés défavorisées, et des règlements et des taxes pour protéger les enfants des aliments nocifs pour leur santé. » Si rien n’est fait pour contrer cet élan, très marqué depuis 2000, il y aura davantage d’enfants et adolescents obèses qu’en insuffisance pondérale. « Ces données soulignent, confirment et nous rappellent que le surpoids et l’obésité traduisent une situation de crise pour la santé mondiale actuelle, qui menace d’empirer dans les prochaines années si nous ne prenons pas rapidement des mesures draconiennes », explique le Dr Fiona Bull, coordinatrice du programme pour la surveillance et la prévention en population des maladies non transmissibles à l’OMS.
Face à ce fléau, l’organisation « encourage les pays à déployer des efforts pour lutter contre les environnements qui aujourd’hui augmentent les risques d’obésité chez nos enfants. Les pays doivent en particulier viser à réduire la consommation de produits alimentaires bon marché, ultratransformés, fortement caloriques et pauvres en nutriments ».