14 % des denrées alimentaires dans le monde sont perdues entre la récolte et la vente au détail

Publié le 21 octobre 2019 à 12:35 Aujourd'hui

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport sur les pertes et gaspillages alimentaires dans le monde. Si des disparités sont présentes selon les régions et les types d’aliments, de gros progrès pour réduire les pertes sont à envisager partout et par tous.

Parce que réduire nos pertes et gaspillages de denrées alimentaires fait partie des objectifs principaux de développement durable (ODD), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) s’est penchée sur la façon dont se produisent et se distribuent les aliments au niveau mondial.

Il en ressort que 14 % en moyenne sont juste perdus dans la chaine logistique entre la production et la vente. Or bien gérer les circuits alimentaires au niveau mondial permettra par ailleurs d’adresser d’autres objectifs des ODD liés à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à la durabilité environnementale.

Les enjeux de la baisse du gaspillage alimentaire sont énormes

Comme le rappelle en introduction du rapport Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, il est crucial de mieux appréhender le problème des déchets et des pertes alimentaires pour mieux les résoudre et atteindre les objectifs fixés dans le Programme 2030 des ODD. La conjonction de la baisse des déchets et des pertes alimentaires permettra d’atteindre l’objectif « Faim 0 » (ODD2), de mieux gérer l’eau de façon durable au niveau mondial (ODD 6), d’avoir des actions pour limiter le changement climatique (ODD 13), mieux maîtriser les ressources marines (ODD 14), ou encore les écosystèmes terrestres, forêts, et la biodiversité (ODD 15).

En d’autres termes, notre gestion mondiale de l’alimentation impacte dans de multiples domaines et est clé pour notre futur.

De nouveaux indices de mesure pour suivre les progrès des mesures

Pour bien appréhender le sujet, la FAO indique ainsi que de nouveaux outils de mesure sont élaborés avec l’aide du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Il s’agit de l’indice des pertes alimentaires et l’indice du gaspillage alimentaire. C’est l’étude du premier indice qui a permis de définir que 14 % des aliments produits dans le monde sont perdus entre le stade après récolte et celui de la vente au détail. C’est énorme !

Des pertes pour beaucoup liées aux conditions de stockage sur les exploitations

Bien qu’il faille bien sûr isoler les différentes parties du monde qui ne présentent pas toutes les mêmes caractéristiques, les niveaux de pertes se concentrent davantage sur les denrées hautement périssables comme les fruits et légumes et la viande. De nombreuse causes expliquent ce gaspillage, allant de mauvaises pratiques de récoltes et manutention à un réseau logistique perfectible.

Mais l’une des raisons exprimées dans le rapport tient aussi et surtout aux conditions de stockage sur les lieux même des exploitations.
S’agissant des produits frais, les améliorations pourraient venir d’un entreposage frigorifique plus approprié qui permettrait de réduire les pertes – mais augmenter la présence de frigos n’est pas sans impact sur les émissions de gaz à effets de serre et nécessite des études plus approfondies au cas par cas.

S’agissant des céréales ou légumes secs, ce sont les techniques ancestrales et de manutention qui peuvent être mises en cause, comme celles des silos en bois peu protégés des intempéries et propices aux attaques de rongeurs par exemple, qui peuvent anéantir toute une récolte. Dans ce cas, une des solutions peut être de remplacer le bois des silos par une autre matière qui résistent aux intempéries et autres nuisibles, comme des silos en métal.

Chaque type de denrée alimentaire ponctionne de façon différente les ressources terrestres

Que ce soit en termes de productions ou de stockages, nos denrées alimentaires ont toutes un impact sur notre planète : elles ont toute une empreinte carbone, une empreinte foncière et une empreinte hydrique. Tout doit être envisagé dans son ensemble. Ainsi, la production de céréales et de légumes est celle qui ponctionne le plus (à 70 %) les réserves d’eau. Selon les régions du monde, et l’objectif recherché (par exemple une région qui est justement face à une pénurie d’eau), il convient alors d’impulser les productions de denrées alimentaires les plus adéquates et renoncer à d’autres.

Tableau issu du rapport de la FAO

La FAO recommande une action des gouvernements

Les problématiques ne sont pas les mêmes dans toutes les régions du monde, on l’a vu. Ainsi, si dans certaines régions d’Afrique ou d’Asie productrices de denrées alimentaires, une partie des pertes est directement identifiées sur les lieux d’exploitation, les pays occidentaux génèrent d’autres types de gaspillages : normes esthétiques des fruits et légumes (couleur, forme et taille), mauvaise planification des courses et des repas, achats excessifs, ou confusion entre la date de durabilité minimale et la date de péremption sont autant d’arguments en faveur d’un gaspillage alimentaire autant idiot qu’inutile.

La communication sur la problématique de la production alimentaire, des déchets et du gaspillage doit donc être adaptées à chaque région, pour que tout un chacun puisse agir sur le sujet.

Par ailleurs, le rapport de la FAO soutient aussi une intervention de l’Etat (d’éducation et financière) pour aider les agriculteurs du monde à mieux produire et stocker les denrées alimentaires. Les efforts conjoints, individuels et collectifs, permettront autant de limiter la faim dans le monde que d’agir de façon globale sur le réchauffement climatique.

Pour en savoir plus :
Le site de la FAO
Le rapport complet de la FAO sur le sujet

Hélène DESMAZURES

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