Agriculture bio et PAC : des changements qui suscitent la colère des agriculteurs

Publié le 28 juillet 2017 à 18:08 Aujourd'hui | 2101 vues

Premier coup d’essai raté pour le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert. Celui-ci a annoncé jeudi 27 juillet qu’il souhaitait modifier le système de répartition des aides européennes ainsi que supprimer les aides à la bio. Une annonce qui provoque la colère de la Confédération paysanne, des représentants des producteurs bio et de la FNSEA. 

Coup de tonnerre dans le monde de l’agriculture française. Jeudi 27 juillet, Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, a annoncé un changement des répartitions des aides de la politique agricole commune (PAC). Ce transfert de fonds européens a pour but d’assurer le financement aux petites exploitations de zones défavorisées. « Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation (…) a décidé un transfert à hauteur de 4,2 % des montants des crédits du pilier I de la PAC vers le pilier II, pour satisfaire les besoins identifiés sur le pilier II d’ici à 2020 », indique le communiqué du ministère. À savoir que le pilier I de la PAC est attribué aux grandes exploitations agricoles, comme les exploitations céréalières. Quant au pilier II, ce sont les petites surfaces et les agriculteurs biologiques qui en jouissent. Cette mesure qui devrait profiter à l’installation des jeunes agriculteurs et au développement du bio a provoqué un véritable tollé chez les principaux acteurs du monde agricole. Un coup d’essai raté pour le ministre.

Il faut savoir que le ministère se retrouve dans une situation délicate. Mercredi, lors de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Stéphane Travert avait déclaré se retrouver face à « une impasse financière de près de 853 millions d’euros » pour le financement des aides du pilier II pour les trois ans restant au dispositif actuel de la PAC. « Ces besoins résultent d’une conjonction de facteurs », explique le ministère qui évoque particulièrement l’extension du périmètre des bénéficiaires de l’indemnité compensatoire de handicap naturel, ainsi que la montée en puissance du bio.

Le ministère de l’Agriculture se met à dos tous les acteurs principaux

Le jour même, la principale organisation d’agriculteurs bio en France, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique et des régions de France (FNAB), réclamait un « vrai choix » en faveur de la transition agricole et environnementale en transférant massivement des fonds européens pour soutenir le secteur bio. La FNAB  avait d’ailleurs souligné que le gouvernement était en capacité de transférer jusqu’à 15% du premier pilier. Bien évidemment, les syndicats d’agriculteurs ont unanimement condamné cette mesure. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) le voit comme un « hold-up inacceptable ». La confédération paysanne, elle, pense que le gouvernement « fait le choix dangereux de léser la grande majorité des paysans au bénéfice d’une minorité ». Quant à la Coordination rurale, sa déclaration est assez violente et juge que ce transfert « revient à prendre dans la poche des agonisants pour soutenir les mourants ! »

Pourtant, ce geste de la part du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a été entaché par une nouvelle qui est presque passée inaperçue. En effet, celui-ci souhaite supprimer les aides à la conversion à l’agriculture biologique d’ici trois ans. La FNAB a qualifié ce jour comme un « jeudi noir » pour l’agriculture bio, dénonçant un « renoncement politique historique ». « Cette décision vient contredire les promesses de campagne du Président de la République sur les paiements pour services environnementaux et l’introduction de produits bio dans les cantines. Cela témoigne d’un manque criant de courage politique face à l’agro-industrie et l’agro chimie », explique Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB.

Quant au paiement redistributif, qui n’est ni plus ni moins une aide qui s’ajoute aux paiements de base afin de valoriser les productions à forte valeur ajoutée ou génératrice d’emploi, le ministère a annoncé son maintien à 10%. Pourtant, la Confédération paysanne réclamait que celle-ci (qui est de 50 euros par hectare) passe à 75, voire 100 euros l’année prochaine. Le maintien de son montant actuel peut être interprété comme un geste à l’égard des céréaliers qui étaient fermement opposés à un changement de dispositif. Le nouveau locataire de la rue de Varenne va devoir redoubler d’efforts les prochains mois afin de calmer cette crise qui l’oppose à tous les agriculteurs.

 

Alice Glaz

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