Anti-gaspi : une photographe sublime des fruits et légumes « moches »
Publié le 14 mars 2018 à 17:07 Aujourd'hui | 2064 vues
Rendre beaux des fruits et légumes jugés « moches », tel est l’objectif de Sarah Phillips, une photographe et artiste new-yorkaise. Son but : lutter contre le gaspillage alimentaire.
Le gaspillage alimentaire est un véritable fléau. Les premières victimes : les fruits et légumes. Et pour cause, avant d’arriver sur nos étals, ces produits sont passés au crible. Selon la législation en vigueur mise en place par la Répressions des fraudes, les agriculteurs doivent avoir des produits sans défauts majeurs. Un fruit ou un légume est considéré comme impropre à la consommation si son aspect général est changé. C’est pourquoi, un tiers des fruits et légumes sont jetés avant même d’arriver en magasin, estime l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Face à ce désastre, la photographe et artiste new-yorkaise Sarah Phillips a décidé de lutter contre le gaspillage alimentaire à sa façon. Comment ? En photographiant des fruits et légumes « moches » dans le but de les sublimer, grâce à sa campagne « Ugly Produce is Beautiful » (Le produit moche est beau, en français). La New-yorkaise a d’ailleurs ouvert un compte Instagram, qui réunit plus de 46 600 abonnés, où elle poste régulièrement ses plus beaux clichés. Bananes brunes, pommes et poires cabossées, fraises trop mures ou encore tomates tachetées, autant d’aliments qui ont servi de modèles à Sarah Phillips pour qu’elle les transforme en véritables œuvres d’art. Une jolie façon de montrer que l’habit ne fait pas le moine.
Les produits moches, aussi bons que les beaux
Les objectifs de cette campagne sont multiples. L’Américaine souhaite avant tout sensibiliser le plus grand nombre et faire changer cette idée qui veut que « c’est moche donc ce n’est pas bon ». Elle souhaite également agir pour réduire le gaspillage alimentaire. En reprenant les données de la FAO, elle rappelle que plus d’1,3 milliard de kilos de nourriture, soit un tiers de tout ce qui est produit dans le monde, ne sont jamais consommés et que tous ces produits pourraient nourrir près de 800 millions de personnes dans le monde. Sur son site Internet, elle explique que les « produits moches » contribuent à l’accroissement du gaspillage alimentaire et que cela pourrait être facilement évité. Elle espère enfin que ses clichés vont augmenter la demande de fruits et légumes « moches » dans les grandes surfaces, les restaurants ou encore auprès des ménages.
Réhabiliter auprès des consommateurs les fruits et légumes moches est loin d’être nouveau. En France, c’est même monnaie courante. En 2013, le « Pacte national de lutte contre la gaspillage alimentaire » du ministère de l’Agriculture prévoyait de « mettre en place des bonnes pratiques de lutte contre le gaspillage », notamment en sensibilisant les clients à l’achat de fruits et légumes « hors normes esthétiques ». Un an plus tard, Intermarché avait lancé l’opération « fruits et légumes moches ». Dans un spot télévisé de moins d’une minute, l’enseigne ventait les mérites de ces produits ne répondant aux calibrages de la grande distribution. La même année, la marque « Les Gueules Cassées » voyait le jour. Initialement lancé pour les fruits et légumes, ce dispositif a également profité à de nouveaux produits comme les camemberts ou les céréales « moches ». Aujourd’hui, plus de 12 millions de produits sont estampillés « Gueules Cassées » et 5 000 points de vente se sont connectés à l’offre. En 2016, Intermarché est allée plus loin en proposant à la vente des « légumes moches en conserve » avec des aliments légèrement abîmés.