Les bananes menacées par un champignon

Publié le 24 octobre 2017 à 9:30 Aujourd'hui

Fruit le plus vendu au monde, la banane est menacée par une nouvelle souche de jaunisse fusarienne. Pour enrayer sa propagation, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé un programme mondial requérant 98 millions de dollars.

 « Un champignon risque de décimer l’ensemble de la production mondiale de bananes, ce qui entraînerait d’importantes pertes commerciales et aurait des répercussions sur les moyens d’existence des 400 millions de personnes qui dépendent du fruit le plus exporté au monde pour se nourrir ou encore pour tirer leurs revenus », alerte l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En cause ? Un champignon, une nouvelle souche – Tropical Race 4 (TR4) – de la jaunisse fusarienne. Connue comme la « maladie du Panama », celle-ci affecte tout particulièrement la Cavendish, la banane la plus consommée en France. « Les plantes affectées ont des feuilles jaunes, qui vont ensuite tomber et former une collerette de débris autour de la partie inférieure de la plante. Le champignon peut facilement se propager et rester viable dans le sol pendant plusieurs décennies », explique l’agence onusienne.

« Il s’agit d’une menace majeure pesant sur la production de banane dans plusieurs régions du monde. Nous devons agir vite afin d’éviter sa progression et soutenir les pays déjà affectés dans leurs efforts visant à faire face à la maladie », a déclaré Hans Dreyer, Directeur de la Division de la production et de la protection des plantes à la FAO, dans un communiqué. Détectée pour la première fois dans les années 1990 en Asie du Sud-Est, la jaunisse fusarienne TR4 a depuis été identifiée sur 19 sites dans 10 pays, dont le Mozambique en Afrique subsaharienne et d’autres au Proche-Orient et en Asie du Sud. À ce jour, celle-ci a touché près de 100 000 hectares de bananes. Selon les experts, si rien n’est fait, la maladie pourrait affecter jusqu’à 1,6 million d’hectares de bananes d’ici 2040. Au début du XXe siècle, le champignon avait décimé la variété « Gros Michel », remplacée par la Cavendish, plus résistante à la souche précédente mais désormais fortement menacée par la nouvelle race TR4.

Un programme mondial de 98 millions de dollars

Afin de contenir et de faire face à cette nouvelle souche, la FAO et ses partenaires Bioversity International, l’Institut international de l’agriculture tropicale et le Forum mondial de la banane, ont lancé un programme mondial requérant 98 millions de dollars. Celui-ci, qui s’étalera sur cinq ans et ciblera 67 pays, consistera notamment à surveiller les zones où la maladie n’est pas présente ou fait surface pour la première fois. « Là où la maladie a déjà fait son apparition, des techniques intégrées et améliorées de gestion de la maladie seront développées en parallèle, tandis que des recherches sur des variétés résistantes au champignon seront menées », détaille la FAO.

En France, une pénurie de bananes est à craindre. Mais la raison est tout autre : l’ouragan Maria qui a détruit à 100% la filière banane de Guadeloupe et à 70% celle de Martinique, selon les professionnels du secteur. Pour l’heure, la France peut compter sur d’autres exportateurs dont les bananeraies n’ont pas été (encore) contaminées.

Marine VAUTRIN

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