Biodiversité : la sixième extinction est en cours

Publié le 11 juillet 2017 à 14:35 Aujourd'hui | 739 vues

Dans une étude parue lundi 10 juillet, des scientifiques mexicains et américains tirent la sonnette d’alarme. Ils ont constaté un recul très inquiétant du nombre d’animaux vertébrés vivants sur terre. Les chercheurs redoutent l’arrivée d’une « sixième extinction de masse ». 

Les nouvelles pour notre terre sont mauvaises, les scientifiques parlent d’un « anéantissement biologique ». Dans une étude plus qu’alarmante, parue dans Proceedings of the National Academy of science et relayée par le Monde, des chercheurs américains et mexicains ont conclu que les espèces vertébrées reculent massivement sur Terre. Et ce, à la fois en nombre d’animaux et en étendue. Cette « défaunation » à des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes et des impacts écologiques, économiques et sociaux majeurs.

Ce n’est pas la première fois que les auteurs de l’étude s’alarment. Déjà en 2015, ils avaient publié une étude dans la revue Science Advances, qui démontrait que la faune était déjà entrain de subir sa « sixième extinction de masse ». Selon eux, les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis la disparition des dinosaures… il y a 66 millions d’années.

Des disparitions inquiétantes

Pour cette étude, les chercheurs ont quantifié le déclin des populations, c’est-à-dire des groupes d’animaux sur un territoire. « L’accent mis sur l’extinction des espèces peut donner l’impression que la biodiversité terrestre n’est pas dramatiquement et immédiatement menacée, mais qu’elle entre juste lentement dans un épisode d’érosion majeure, que l’on pourra combattre plus tard », expliquent les chercheurs. Les espèces les plus communes enregistrent des reculs massifs de leurs effectifs, sans pour être autant menacées. « Or, la disparition des populations est un prélude à celle des espèces. Une analyse détaillée du déclin des effectifs d’animaux rend le problème bien plus clair et inquiétant », indiquent les scientifiques.

Ils ont décidé de mener une vaste analyse sur la moitié des espèces de vertébrés connues. Ils ont examiné les évolutions des populations de 27 600 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens terrestres en utilisant la base de données de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette liste constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation de la biodiversité.  Ils ont analysé plus spécifiquement 177 espèces de mammifères pour lesquelles ils avaient des données sur l’aire de répartition entre 1900 et 2015.

« La réelle ampleur de l’extinction de masse qui touche la faune a été sous-estimée : elle est catastrophique », jugent-ils. Au total, ce sont 32% des espèces étudiées qui déclinent en terme de population et d’étendue. Nombreux sont les mammifères qui se portaient bien il y a une ou deux décennies mais qui sont maintenant en voie de disparition. En 2016, la Terre comptait 7 000 guépards et 35 000 lions africains (-43% depuis 1993). Les populations de girafes sont passées de 115 000 spécimens en 1985 à 97 000 en 2015, celles des orangs-outans de Bornéo ont chuté de 25% ces dix dernières années pour atteindre 80 000 individus. Quant aux populations de pangolins, elles ont été décimées. À savoir que ce sont près de 30% des espèces communes qui sont en déclin. « Qu’autant d’espèces communes voient leurs effectifs diminuer est un signe fort de la gravité de l’épisode d’extinction biologique actuelle », explique l’un des chercheurs.

Il ne reste plus que 20 à 30 ans pour agir

Les causes de ce recul et de ces disparitions sont pourtant bien connues, et ce depuis des années. Ils sont imputables à la perte et à la dégradation de l’habitat sous l’effet de l’agriculture, de l’exploitation forestière, de l’urbanisation ou de l’extraction minière. On retrouve aussi la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), la pollution, les espèces invasives, les maladies et le changement climatique. « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population, et de la surconsommation, en particulier par les riches », précisent les auteurs de l’étude.

« Nous ne disposons que d’une petite fenêtre pour agir, deux ou trois décennies maximum », préviennent-ils. Il est urgent d’agir, ces conclusions sont plus qu’inquiétantes. Si rien n’est fait, c’est tout notre écosystème qui risque bien de s’effondrer. Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? La faune et la flore nous rendent de nombreux services : assainissement de l’air et de l’eau, stockage du CO2, pollinisation, etc. Les scientifiques appellent donc à réduire la croissance de la population humaine et de sa consommation. Ils préconisent aussi d’utiliser des technologies moins destructrices pour l’environnement, d’endiguer le commerce des espèces en voie de disparition ou encore d’aider les pays en voie de développement à maintenir les habitats naturels et à protéger leur biodiversité.

Alice Glaz

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