Cacao équitable : un label « Destination Chocolatiers engagés »
Publié le 27 juin 2018 à 15:54 Aujourd'hui | 1440 vues
La Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France s’engage pour un cacao équitable et durable. Ses premières actions ont déjà commencé au Cameroun, dont la collaboration avec le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café du Cameroun (CICC) a donné naissance au label « Destination Chocolatiers engagés ».
Noir, au lait, en tablette ou en pâtisserie, le chocolat fait partie de nos péchés mignons. La France se classe d’ailleurs au 7ème rang mondial des consommateurs de chocolat, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Autriche, le Danemark, la Belgique et la Finlande. 405 000 tonnes sont consommées chaque année dans le pays, soit plus de 12 kilos chaque seconde. Mais d’où vient le cacao que l’on consomme ? La majorité des producteurs se situe proche de la ligne de l’Equateur, au Brésil, en Argentine ou encore au Pérou. La Côte d’Ivoire se trouve en première position, produisant plus d’1,5 million de tonnes de cacao chaque année. Viennent ensuite le Ghana, l’Indonésie, le Nigéria et le Cameroun.
Avec 300 000 tonnes de cacao produites par an, ce pays d’Afrique centrale est le cinquième pays producteur au monde. Et pourtant, le Cameroun est encore méconnu des professionnels de la chocolaterie. 60 % du cacao camerounais est vendu aux Pays-Bas à des industriels qui le mélangent avec d’autres d’origines, ou le vendent comme du simple « chocolat ». Depuis quelques années, la filière traverse aussi une zone de turbulences à cause de la chute des cours sur le marché international. L’an dernier, le prix du cacao a connu une baisse de 30 %, ce qui a impacté lourdement les petits producteurs. Consciente du potentiel du cacao camerounais, la Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France (CCCF) a, elle, décidé d’apporter son soutien. Objectif : faire du cacao du Cameroun un produit de qualité supérieure reconnu et permettre ainsi aux producteurs d’obtenir une meilleure rémunération.
Améliorer la filière cacao du Cameroun
Pour améliorer et valoriser la filière, la Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France a noué un partenariat avec le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café du Cameroun (CICC). Ensemble, les deux structures encadreront les planteurs dans la production d’un cacao d’excellence. Dès 2017, la première action de la Confédération a été de rassembler les producteurs du village de Nkog-Ekogo (Obala), situé à une heure au nord de Yaoundé, en coopérative. Et à les faire adhérer au CICC pour qu’ils bénéficient d’une assistance technique au quotidien et de formations. En parallèle, avec le soutien du CICC, la CCCF s’est aussi engagée à fournir des hangars de stockage, des bacs de fermentation, des tables de séchage ainsi que les outils indispensables aux producteurs pour devenir un centre d’excellence. Et cela porte ses fruits puisque dans ce premier centre, la première production a permis une récolte de fèves de qualité. « La seconde, en octobre, confirmera que le cacao du Cameroun pourra fièrement porter l’appellation « Pure Origine » », souligne la Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France. Au total, trois centres d’excellence au Cameroun sur trois plantations différentes seront créés.
La Confédération s’est par ailleurs engagée à apporter aux planteurs de nouveaux clients qui accepteront d’acheter plus cher ce cacao haut de gamme. Un premier voyage a d’ailleurs été organisé en mai 2018 avec des couverturiers afin qu’ils découvrent les avancées et actions effectuées. Un second voyage destiné aux artisans chocolatiers sera quant à lui effectué en septembre prochain. Le but : encourager ces derniers à utiliser le cacao camerounais.
Un label pour une production plus juste pour tous
Cette collaboration est une belle initiative. « Nous devons contribuer au développement de la vie de nos producteurs parce que sans eux, il n’y a pas de cacao », a déclaré Apollinaire Ngwe, président du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café du Cameroun. De ce projet commun est même né le label « Destination Chocolatiers Engagés ». « On a considéré qu’un label c’était un marqueur important qui permettait de montrer les progrès et que c’était un signe d’engagement qui repose sur deux éléments importants : l’engagement des coopératives et des entreprises » qui transformeront le cacao, a souligné le président de la Confédération, Frédéric Chambeau. En cours d’élaboration, ce label garantira aux planteurs un prix minimum payé et révisé chaque année par le CICC et la CCCF, et un cacao « pure origine ». « Dans ce prix nous avons voulu intégrer une logique épargne qui puisse permettre aux planteurs de pouvoir envisager l’avenir de façon un peu plus sereine sur le plan financier », a-t-il précisé. Il garantira également un accompagnement dans les méthodes de travail, de fermentation, de séchage et de commercialisation, approuvées par la Confédération. Il sera attribué à des coopératives de plus de 50 planteurs. Celles-ci devront par ailleurs se doter d’un conseil administratif incluant des femmes.
Via ce label, la Confédération des Chocolatiers Confiseurs de France souhaite poursuivre ses actions menées au Cameroun dans d’autres pays producteurs de cacao. Car l’enjeux est aussi de donner l’envie aux producteurs de continuer à travailler le cacao. Le plus gros risque pour le chocolat n’est pas la pénurie de cet or brun, mais la pénurie de cacaoculteurs. Sur ce point, le CICC a lancé en 2012 un projet baptisé « New Generation », dont l’objectif est d’accompagner et soutenir les jeunes issus des centres de formation agricole afin qu’ils deviennent de véritables professionnels dans la cacaoculture. 2000 jeunes ont déjà bénéficié du programme.