Culture du soja et déforestation en Amazonie : que peuvent faire les français ?

Publié le 29 août 2019 à 11:53 Demain | 415 vues

Alors que la forêt amazonienne brûle toujours, les débats font rage sur la position à adopter face à la consommation de soja en provenance directement des cultures amazoniennes, et dont la production sous-entend la déforestation. Explications.

Almir Narayamoga Surui, l’activiste indien sud-américain, était invité hier mercredi 28 août 2019 à une conférence sur le Climat et le Capitalisme aux Universités d’été du MEDEF. Le chef indien a rappelé combien il était important qu’au niveau mondial tout un chacun, consommateur comme producteur, veille à vérifier l’origine des composants des produits qu’il achète afin de ne plus plébisciter tout ce qui contribue à la déforestation amazonienne. Si d’un point de vue consommateur la tâche semble ardue, tant les étiquettes des produits restent floues sur ces considérations, les entreprises maîtrisent mieux, elles, la chaine de leurs fournisseurs.

Les entreprises de la nutrition animale se défendent

Mais l’affaire n’est pas si simple et changer les habitudes demande un long chemin de réorganisation pas toujours réaliste à court terme. Ainsi, le Syndicat National de l’industrie de la nutrition animale (Snia) a organisé une conférence de presse, hier également, pour justifier pourquoi ils importaient encore « 3,5 millions de tonnes de soja, dont deux tiers du Brésil » pour nourrir les animaux des exploitations françaises. Son Président François Cholat a toutefois tenu à rappeler que le SNIA s’est engagé à ce qu’à l’horizon 2025, 100 % de la filière s’approvisionne dans des zones mondiales non déforestées. Jean-Michel Boussit, vice-président du Snia, a indiqué par ailleurs que la filière était parvenue en quinze ans a divisé par deux la consommation de soja en la remplaçant par du colza et du tournesol. Mais, selon le Snia, le soja reste indispensable à l’alimentation animale pour ses apports en protéine… aussi l’import de soja était-il toujours indispensable aujourd’hui.

« La souveraineté protéinique de l’Europe » souhaitée par Emmanuel Macron est-elle possible ?

Dans une interview télévisée ce mardi 26 août, le Président de la République Emmanuel Macron a reconnu que la France avait sa part de responsabilité dans la déforestation amazonienne au profit des champs de culture de soja, et a appelé à « recréer la souveraineté protéinique de l’Europe ». Mais est-ce réellement possible ? Non selon l’ONG Greenpeace qui a immédiatement réagi dans un communiqué : « Il est irréaliste de penser que nous pouvons produire nous-même tout le soja importé en France. Il faudrait que l’on y consacre la totalité des terres agricoles du Morbihan, des Côtes d’Armor et du Finistère ! », précise Suzanne Dalle, chargée de campagne Agriculture chez Greenpeace.
Pour l’ONG, il convient plutôt de changer notre modèle agricole et alimentaire. L’ONG soutient : « Acquérir une souveraineté protéique, si chère au Président français, ne pourra se faire qu’en réduisant notre production de viande, d’œufs et de produits laitiers. Il faut transformer notre système d’élevage industriel, aujourd’hui à bout de souffle, et favoriser un modèle d’élevage autonome et économe, aux antipodes du modèle des fermes-usines ».

Si le débat reste vif et les solutions encore à l’étude, on retiendra que toutes les parties ont pris conscience du problème, et c’est déjà un énorme pas qui a été franchi. Il ne reste plus qu’à trouver la meilleure façon d’atteindre l’objectif.

Pour en savoir plus :
Communiqué de presse du SNIA
Communiqué de Greepeace
L’interview d’Emmanuel Macron du 26/08/2019 à partir ~13′ sur le sujet de la déforestation amazonienne

Hélène DESMAZURES

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