Derrière le Jambon de Parme, des cochons maltraités

Publié le 27 mars 2018 à 17:23 Aujourd'hui | 1302 vues

L’association italienne de défense des animaux LAV a dévoilé lundi 26 mars 2018 les résultats de son enquête concernant la face cachée du Jambon de Parme, fabriqué en Italie. Très vite, celle-ci a été relayée par de nombreuses associations dont Gaia, L214, Welfarm ou encore la Fondation Brigitte Bardot. 

Les vidéos chocs sur les conditions d’élevage des animaux se suivent et se ressemblent. Depuis plusieurs années, de nombreuses associations montrent de façon régulière la souffrance des visons, des lapins, des cochons, des poules et autres animaux d’élevage. L214 en a d’ailleurs fait sa marque de fabrique. Mais aujourd’hui, c’est une autre association qui a décidé de frapper fort. Dans une enquête, vidéo à l’appui, l’association italienne Lega Anti Vivisezione (LAV) montre l’envers du décor des conditions de vie des cochons utilisés pour la fabrication des jambons AOP de Parme, San Daniele et Toscane, habituellement vendus comme des produits de qualité dans nos supermarchés. La réalité est malheureusement tout autre.

LAV pointe notamment du doigt les « pratiques illégales, le manque d’hygiène et de soins vétérinaires, la présence de parasites » dans ces élevages porcins. Très vite la vidéo a été relayée par Eurogroup for Animals, Welfarm, la Fondation Brigitte Bardot, L214 et l’association belge Gaia. Cette enquête a été effectuée entre décembre 2017 et février 2018. Afin d’obtenir des images, les enquêteurs se sont introduits anonymement dans six élevages intensifs de porcs de Lombardie, au nord de l’Italie dans les provinces de Brescia, Cremona et Mantua. Ces derniers contiennent chacun entre 3 000 et 10 000 cochons.

Des conditions de vie déplorables

Dans cette vidéo de près de 10 minutes (voir ci-dessous), on peut y voir des cochons entassés dans des petits box à peine plus gros qu’eux, empêchant ainsi les truies de se retourner. Dans ces cages de contention pour les femelles en gestation, les nouveau-nés peuvent à peine téter leur mère. Ces derniers sont d’ailleurs castrés à vif quelques jours après leur naissance et ont la queue coupée. Le tout est ensuite jeté dans d’immenses containers. Dans la partie post-sevrage et engraissement, on peut voir de nombreux cochons coincés dans une mangeoire, blessés, malades, mourants voire même morts. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas retirés des enclos. Lorsqu’ils deviennent trop nombreux, ils sont entassés dehors, à l’air libre, juste devant les bâtiments. Sur les images, on peut apercevoir un cochon souffrant d’un prolapsus rectal. « S’il n’est pas soigné, il en mourra », expliquent les auteurs de la vidéo. Un autre présente une hernie abdominale, pouvant causer une torsion douloureuse des organes. Les plus faibles peuvent vite se faire « cannibaliser » par leurs congénères.

Quant aux conditions de détention, elles sont des plus déplorables. Les porcs sont tellement nombreux que la quantité d’eau est limitée et qu’ils finissent par s’uriner les uns sur les autres. Les élevages, tout comme les bêtes, sont sales et les animaux sont souvent contraints de vivre dans leurs propres déjections, à même le sol, sur du bois, du métal ou du béton. La ventilation est bien souvent déficiente dans certaines parties de l’élevage. La lumière est également allumée 24h/24. Autrement dit, les bêtes ne voient jamais la lumière du jour.

Des élevages en infraction

Dans un communiqué commun, la Fondation Brigitte Bardot et Welfarme rappellent que selon une directive européenne, « les porcs doivent avoir un accès permanent à une quantité suffisante de matériaux permettant des activités de recherche et de manipulation suffisantes, tels que la paille, le foin, le bois, la sciure de bois, le compost de champignons, la tourbe ou un mélange de ces matériaux qui ne compromette pas la santé des animaux ». Concernant les sols, ils doivent normalement être « lisses mais non glissants de manière à ce que les porcs ne puissent pas se blesser et doivent être conçus, construits et entretenus de façon à ne pas causer de blessures ou de souffrances aux porcs ». Les associations de défense des animaux indiquent également que le cahier des charges de l’appellation d’origine protégée italienne (DOP) mentionne que les élevages doivent « garantir le bien-être animal ». De son côté, Gaia explique que « la coupe routinière de la queue est pourtant une pratique interdite depuis plus de 20 ans dans l’Union européenne », précisant qu’elle n’est autorisée que « lorsqu’il n’existe pas d’autre moyen d’empêcher l’apparition de problèmes du comportement – qui sont causés par l’ennui et la frustration ». La détention dans des stalles est également interdite au sein de l’UE depuis 2013.

La France étant le premier pays importateur de Jambon de Parme, l’association Welfarm et la Fondaion Brigitte Bardot exhortent, de ce fait, les Consortiums Jambon de Parme et San Daniele à « mettre un terme à ces pratiques inacceptables et de prendre de vrais engagements en faveur du bien-être des porcs ». Elles appellent également les distributeurs français  » à formuler des demandes similaires auprès du Consortium et, en attendant, de cesser leur approvisionnement en Jambon de Parme et en San Daniele, comme l’ont fait les enseignes Colruyt et Delhaize pour les produits El Pozo en Belgique, en février dernier ». Gaia appelle même au boycotte du Jambon de Parme.

Afin d’appeler l’UE et les États membres à réellement appliquer la législation européenne sur le bien-être des porcs, Eurogroup For Animals a lancé une pétition via sa campagne End Pig Pain. Celle-ci a déjà recueilli plus de 500 000 signatures.

 

Marie Bascoulergue

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