Des « électro-sensibles » gagnent une bataille face à Linky
Publié le 29 avril 2019 à 11:14 Aujourd'hui | 510 vues
Au tribunal de Bordeaux, 13 plaignants sur 206 ont obtenu gain de cause face à Enedis et ses compteurs Linky qui rencontrent de nombreuses résistances depuis le début de leur installation en 2015.
La décision concernant l’installation des compteurs Linky de 206 plaignants a été rendue le 23 avril dernier par le tribunal de Bordeaux. Sur l’ensemble des plaignants parfois regroupés en associations, seuls 13 d’entre eux ont obtenu satisfaction tandis que le reste a été débouté. Cette décision de justice fait écho à celle du Tribunal de grande Instance de Toulouse qui a donné raison à 13 plaignants également et pour la première fois en raison de leur « électrohypersensibilité« . Ainsi, les personnes atteintes par ce mal rare et peu reconnu ne verront pas leur compteur Linky retiré mais enveloppé d’un filtre protégeant des champs électromagnétiques que les compteurs sont accusés d’émettre.
Une opposition tenace aux compteurs Linky
Cette installation, qui dure depuis 2015, fait l’objet de vives résistances pour de multiples raisons invoquées par les usagers. À commencer par un problème de confidentialité des données puisque les compteurs suivent la consommation d’électricité en temps réel même si à priori les données ne remontent à Enedis (ex-Erdf) qu’avec l’autorisation formelle du consommateur. La peur se porte alors sur les risques de piratage des boîtiers, mais là encore, il semblerait que des précautions aient été prises pour éviter au maximum les désagréments comme un changement incongru et radical de consommation qui arrête automatiquement le compteur.
Ce sont les risques sanitaires qui donnent le plus de fil à retordre à Enedis. Certaines personnes dites électro-hypersensibles se plaignent de maux de tête, d’insomnies, de vertiges, de nausées. Même si Enedis ne se dit « pas insensible à la détresse de certains clients« , l’entreprise ajoute ne pas reconnaître de « lien entre la technologie des compteurs communicants et les difficultés de santé des clients« . Du côté de l’Anses, même son de cloche. L’agence de santé appelle à la sortie d’un rapport sur l’effet Nocebo, inversion de l’effet placebo. Il s’agirait d’un effet réellement nocif d’ordre psychosomatique plus que purement physique en lien avec l’appréhension dans le cas présent de l’installation d’un nouveau compteur relié à l’internet.
Si maître Pierre Hurmic, qui représente la totalité des plaignants dans le dernier litige qui les oppose à Enedis, estime que la décision du tribunal de Bordeaux est une « première brèche », il reconnaît que la reconnaissance est « timide ». Enedis a indiqué par ailleurs faire appel de cette décision.