Huile de palme : huit multinationales ne veulent pas dévoiler sa provenance

Publié le 19 mars 2018 à 12:27 Aujourd'hui

Huit multinationales refusent de dévoiler la provenance de l’huile de palme qu’elles utilisent. C’est ce que reproche l’ONG Greenpeace dans son dernier rapport publié ce lundi 19 mars 2018.

Chocolats, pâtes à tartiner, plats cuisinés et même gels douche, l’huile de palme est présente dans de nombreux produits du quotidien. D’ailleurs, selon les données du WWF, cette huile végétale est la plus produite, consommée et vendue dans le monde. Cependant, depuis plusieurs années, elle a mauvaise presse. Elle est jugée mauvaise pour la santé de par la forte présence d’acides gras. Quant à son exploitation, elle serait également dévastatrice pour l’environnement. Et pour cause, selon l’ONG, l’huile de palme serait responsable de 90% de la déforestation en Indonésie et en Malaisie, principaux lieux de production (85% de la production mondiale vient de ces deux pays). C’est dans ce contexte que Greenpeace avait demandé en janvier dernier à 16 multinationales de donner des détails sur leur approvisionnement en huile de palme ainsi que sur leurs fournisseurs. Le but était de « vérifier si oui ou non elles continuaient de s’approvisionner auprès d’entreprises qui détruisent les forêts tropicales », rappelle Greenpeace dans un communiqué. Pour cela, cette dernière avait contacté Colgate-Palmolive, General Mills, Mars, Mondelēz, Procter & Gamble, Ferrero, Hershey, Kellogg, Johnson & Johnson, PepsiCo ou encore Smucker’s.

Ce lundi 19 mars, l’ONG révèle dans son rapport (en anglais) « Moment of Truth »que ces 16 entreprises sont loin de l’objectif fixé par les membres du Consumer Good Forum (CGF) en 2010 qui souhaitaient parvenir à une déforestation nulle via les chaînes d’approvisionnement d’ici à 2020. Parmi les quelque 400 membres du CGF, on retrouve 13 des 16 multinationales sollicitées par Greenpeace. « Les multinationales ont annoncé à plusieurs reprises que, d’ici à 2020, elles n’achèteraient plus d’huile de palme issue de la déforestation. Il ne leur reste que deux ans pour atteindre cet objectif, et force est de constater qu’elles ne sont pas dans les clous », a déclaré dans un communiqué Cécile Leuba, chargée de campagne « Forêts » pour Greenpeace France.

Déforestation et menaces sur certaines espèces d’animaux

Malgré tout, certaines multinationales ont accepté de jouer le jeu et de révéler les noms des fournisseurs et des usines qui produisent l’huile de palme qu’elles utilisent. On retrouve ainsi Nestlé, Unilever, Colgate-Palmolive, General Mills, Mars, Mondelez, Procter & Gamble et Reckitt Benckiser. En revanche, les huit autres ont catégoriquement refusé de révéler ces informations, « cachant ainsi l’étendue de leur complicité dans la destruction de la forêt tropicale », indique Greenpeace dans son rapport. Il s’agit de Ferrero, Hershey, Kellogg, Kraft Heinz, Johnson& Jonhson, PepsiCo, PZ Cussons et Smucker’s. De son côté, Kiki Taufik, responsable de la campagne contre la déforestation en Indonésie pour Greenpeace Asie du Sud-Est reproche à ces industriels de « laisser les consommateurs dans l’ignorance ». Contactée par l’AFP, aucune des sociétés « n’était joignable dans l’immédiat pour réagir », rapporte l’agence.

Une nouvelle alarmante quand on sait que chaque année des centaines de milliers d’hectares sont détruits en Indonésie pour y implanter des plantations d’huile de palme. Seule une minorité de ces plants respectent les normes locales. Pire encore, sa production menace plusieurs espèces menacées comme le tigre de Sumatra et les orangs-outans. Greenpeace rappelle ainsi qu’en 2017, une nouvelle espèce d’orang-outan a été découverte sur l’île mais est déjà menacée.

 

Marie Bascoulergue

  1. Pourquoi Greenpeace ne demande-t-elle pas à ces sociétés de publier aussi l’origine du sucre ou des protéines qu’elles utilisent dans leurs formules ? Est-ce que la canne du Brésil ou le soja des USA sont vertueux pour l’environnement et la santé ? Qui peut dire qu’ils ne participent pas à la déforestation ? Pourquoi faudrait-il absolument faire la preuve de l’origine du gras de palme et pas du reste ? A force de rester obnubilé par le palmier à huile, Greenpeace passe à côté des autres sujets tout aussi importants.

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