Italie : les sacs biodégradables payants divisent le pays
Publié le 11 janvier 2018 à 15:33 Aujourd'hui | 1569 vues
En Italie, depuis le 1er janvier 2018, les sacs en plastique sont interdits et remplacés par des sachets biodégradables payants. Une mesure unique en Europe qui a du mal à passer auprès des Italiens.
Que ce soit en France ou à l’étranger, chaque début d’année apporte son lot de nouveautés. Et toutes ne font pas l’unanimité. En France, les 11 vaccins obligatoires et la forte hausse du prix du gaz ont encore du mal à passer. De l’autre côté des Alpes, c’est un tout autre débat qui secoue le pays. Depuis le 1er janvier, les sacs en plastique sont interdits en Italie. Désormais les commerçants doivent uniquement fournir des sacs biodégradables et… payants. Jusque-là, le prix des sacs en plastique était compris dans celui des aliments achetés. Désormais ils deviennent des produits à part entière. Autrement dit, les petits sachets fins que l’on peut trouver en libre accès dans les rayons fruits et légumes sont payants en Italie. Le montant de ces sacs, dont l’épaisseur est inférieure à 15 microns, varie entre 1 et 3 centimes d’euros, explique La Repubblica. Selon l’association environnementale italienne Assobioplastiche, les familles devraient donc payer entre 4,17 et 12,51 euros en plus chaque année. En cas de non-respect, les commerçants des petites et grandes surfaces s’exposent à une amende pouvant aller de 2 500 à 25 000 euros.
Le but de cette mesure est de réduire l’utilisation de ces sachets. Selon les estimations de l’UE, 100 milliards de sacs sont distribués chaque année en Europe, soit environ 280 par habitant. C’est pourquoi, Bruxelles a décidé d’imposer certaines mesures afin de réduire ce nombre à 90 d’ici la fin 2019 et à 40 fin 2025.
Les réseaux sociaux s’affolent
Cette annonce a très vite suscité la colère des clients qui l’ont exprimée sur les réseaux sociaux. « Je vois déjà les livres d’Histoire : 1789, Révolution française, 1917, Révolution d’Octobre, 2018, Révolution des #sacsbiodégradables », s’amuse un internaute. Certains ironisent en écrivant qu’il s’agit d’un moyen dissimulé pour éliminer les pièces de 1 et 2 centimes. « Je commence à les mettre de côté », tweete une certaine Michele Affinito. « Je ne vais pas laisser les lobbies des sachets me voler mon argent… Voilà comment acheter du raisin !!! Partage si toi aussi tu ne paies pas les #sacsbiodégradables », s’insurge Sara Leonarde, une professeure d’éducation technique en montrant des morceaux de raisins portant individuellement une étiquette avec le prix (voir ici). A contrario, il y a ceux qui ne voient aucun mal dans cette nouveauté. « Vous dépensez 1 300€ pour l’iPhone X et ensuite vous vous lamentez des #sacsbiodégradables qui coûtent 0,02€ et aident l’environnement ? », s’interroge une certaine Virginia.
Une tactique électorale ?
Certains y voient une tactique électorale, presque complotiste, à l’approche des élections générales italiennes qui se tiendront le 4 mars prochain. Selon les détracteurs de cette nouvelle loi, il s’agirait d’une manœuvre pour favoriser Catia Bastioli, la présidente de l’entreprise Novamont, spécialisée dans le bioplastique et les produits biochimiques et qui détient une grande partie du marché de ce secteur dans la péninsule. La PDG serait également une cousine du troisième degré de l’ancien Président du conseil italien Matteo Renzi et actuel leader du Parti démocrate. D’ailleurs, un montage mixant leurs deux visages a été énormément partagé sur les réseaux. « Voici Bernarda Renzi, la cousine au troisième degré de Matteo Renzi. Elle est la présidente de l’entreprise qui produit tous les sachets au monde », lit-on sur le montage. Des internautes ont d’ailleurs retrouvé un discours que Catia Bastioli a prononcé en 2011 devant le congrès du Parti démocrate.
Face à la polémique, Matteo Renzi a repris cette image sur son compte Instagram (voir ci-dessous) en expliquant que cette mesure s’inscrit dans la lignée de l’Accord de Paris et que l’Italie a appliqué « une directive européenne qui tend à éliminer les sacs en plastique ». Dans une publication similaire publiée sur Facebook, le leader du Parti démocrate a également rappelé qu’environ 150 entreprises fabriquent des sacs en matériaux naturels et espère « qu’à la fin de l’année 2020, les entreprises italiennes actives dans le secteur de l’économie verte seront deux fois plus nombreuses qu’aujourd’hui ». « Au lieu de crier au complot, nous devrions aider à créer de nouvelles entreprises dans le secteur de l’économie verte sans laisser l’avenir dans les mains de nos concurrents étrangers », a-t-il fustigé.
il faut continuer M.Rezzi, vous êtes sur la bonne voie. D’autres gouvernements Européen devrait avoir le même courage que vous.