L’Anses encourage la recherche d’alternatives aux néonicotinoïdes
Publié le 31 mai 2018 à 11:38 Aujourd'hui | 746 vues
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié mercredi 30 mai un rapport sur les risques et bénéfices des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes. Elle y recommande d’accélérer « la mise à disposition de méthodes alternatives, efficaces et respectueuses de l’Homme et de l’environnement ».
Le recours aux néonicotinoïdes, aussi appelés « pesticides tueurs d’abeilles », est ciblé par le gouvernement français dans le cadre de sa transition écologique. Comme l’explique l’Anses, « la loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » du 8 août 2016 (article 125) prévoit l’interdiction des produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïdes, ainsi que des semences traitées avec ces produits, à compter du 1er septembre 2018. La loi prévoit également que des dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020 sur la base d’une comparaison établie par l’Anses sur les bénéfices et les risques liés aux usages de ces produits avec ceux de produits de substitution ou de méthodes alternatives ». À cet effet, l’agence a réalisé des études sur des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes et ses alternatives (chimiques et non chimiques). Il en ressort que l’impact de l’interdiction des néonicotinoïdes sur l’activité agricole est difficile à anticiper, ce qui implique d’accélérer la mise à disposition de méthodes « alternatives, efficaces et respectueuses de l’Homme et de l’environnement » pour la protection et la conduite des cultures.
Les méthodes non chimiques sont les plus aptes à remplacer les néonicotinoïdes
L’Anses a étudié les produits selon quatre critères définis en mars 2017 : l’efficacité, l’opérationnalité, la durabilité et la praticité de chaque méthode. Au total, 130 usages autorisés des néonicotinoïdes ont été étudiés. Il a été observé que « dans 89% des cas, les solutions de remplacement aux néonicotinoïdes se fondent sur l’emploi d’autres substances actives, notamment des pyréthrinoïdes » et « dans 78% des cas analysés, au moins une solution alternative non chimique existe ». Selon l’Anses : « en l’état actuel des connaissances, les méthodes non chimiques apparaissant comme les plus aptes à remplacer immédiatement, efficacement et durablement les néonicotinoïdes ». Ces méthodes sont à la fois la lutte biologique et la lutte physique via l’application d’une couche protectrice (huile de paraffine, argile), mais aussi la lutte par confusion sexuelle (: méthode de lutte biotechnique collective contre les tordeuses de la grappe).
Néanmoins, « aucune méthode n’assure à elle seule une efficacité suffisante mais qu’une combinaison de méthodes doit être envisagée dans le cadre d’une approche de lutte intégrée » contre les ravageurs. Aussi, « l’interdiction d’utilisation des substances appartenant à la famille des néonicotinoïdes risque d’entraîner une résistance accrue aux autres insecticides, en particulier pyréthrinoïdes », qui constitue pourtant une des solutions de remplacement prévue par l’agence. En outre, « les méthodes de lutte culturale, très diverses, et qui sont en plein essor dans le cadre de l’agroécologie, requièrent encore, pour permettre un contrôle efficace, d’être combinées, ce qui nécessite une reconception plus ou moins profonde des systèmes de cultures ». Une reconfiguration urgente. Selon les chercheurs et les apiculteurs, les abeilles connaissent un déclin d’une très forte ampleur en Europe ce qui menace la survie de la biodiversité. Les initiatives se multiplient pour les préserver. En avril dernier, l’Europe a par exemple décidé de bannir trois néonicotinoïdes.