Les cerises traitées au diméthoate interdites en France

Publié le 24 avril 2019 à 15:18 Aujourd'hui | 860 vues

Le diméthoate est de nouveau interdit depuis samedi dernier en France. La nouvelle tombe désormais tous les ans pour les agriculteurs du secteur de la cerise, qui se retrouve démunis pour lutter contre le moucheron asiatique.

Comme une réplique pour les exploitants de cerisaies français, un arrêté national a renouvelé l’interdiction du diméthoate, comme tous les ans depuis 2016. L’annonce a paru dans le journal officiel samedi dernier et en plus d’interdire ce pesticide et acaricide reconnu comme dangereux par l’ANSES, il sera de nouveau impossible de recourir à l’importation de cerises traités au diméthoate. La nouvelle, anodine pour la plupart des Français cache une véritable misère pour les producteurs de cerise. Face à l’inaction de l’UE en matière d’interdiction du produit qui s’est révélé dangereux pour les producteurs, les consommateurs ainsi que diverses espèces animales, la France a fait jouer la clause de sauvegarde nationale.

Un prédateur redoutable : le moucheron asiatique

Pourtant, il est de notoriété publique pour les exploitants du secteur de la cerise qu' »aucun vrai substitut n’a été trouvé pour lutter contre la drosophile suzukii, tout droit sortie des containers, à l’origine de la destruction d’au moins 30 % des récoltes depuis une dizaine d’années » explique Gilles Bernard à Réponse Conso, président du MODEF, Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux du Vaucluse et élu à la chambre du commerce du même département, plus gros producteur de cerises en France.  Les produits de remplacement se sont en effet révélés beaucoup plus chers et surtout très inefficaces face à ce prédateur. En son temps Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture avait promis des recherches approfondies pour trouver une solution, sans succès, mais aussi une compensation financière finalement bien insuffisante. La coordination rurale observait en effet lors d’une de ses communications que la somme prévue pour les indemnisations s’élevait à 5 millions d’euros alors que le préjudice des producteurs ayant déposé un dossier avoisinait les 11 millions d’euros. Tout cela sans compter les agriculteurs n’ayant pas eu le courage ni le temps de monter ce dossier d’une grande complexité qui exclue en sus des exploitants ne répondant pas aux critères.

L’étrange exception Turque

Poursuivant le double objectif de faire bouclier à la concurrence étrangère et de protéger les consommateurs, cette interdiction d’importation de cerise traitée au diméthoate ne remplit de surcroît pas totalement son rôle puisqu’un passe-droit a été adopté en catimini en 2018 pour quelques pays comme l’Argentine, le Chili, mais surtout la Turquie. C’est là que le bât blesse. La Turquie, demeure le 2e producteur mondial et envahit par conséquent le marché français de la cerise qui essaye de se sortir péniblement d’une situation pour l’instant sans issue. Pour justifier cette étrange décision fondée sur le principe de libre concurrence mondiale, la Direction Générale de l’alimentation expliquait à Ouest-France que « les autorités turques avaient apporté suffisamment de garanties en termes réglementaires attestant de l’absence de diméthoate« .  Le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation confirme et apporte un élément de réponse à Réponse Conso : « la production de cerise se fait dans des zones de légère altitude en Turquie où la mouche n’est pas aussi présente. »

Il semblerait selon Gilles Bernard que le diméthoate ne soit pas le seul absent de ces fameux rapports puisqu’aucun pesticide n’avait en effet été détecté. « C’est tout simplement impossible » renchérit le président du MODEF Vaucluse « on est sur le même principe que le dopage, où des produits permettent d’en dissimuler d’autres.« Du côté de la fédération nationale des producteurs de fruits, on accuse les producteurs turques de plonger les cerises dans des bains afin d’effacer les traces de pesticides. Une pratique qui a motivé l’organisation à demander à l’Etat une enquête plus poussée en Turquie même. Outre ces sérieux problèmes de concurrence, le dispositif d’interdiction ne concerne que les cerises fraîches, laissant libre cours total aux cerises surgelées exclusivement destinées aux produits industriels à base de cerises. 90 % de ces cerises ne sont pas produites en France et sont très probablement traitées au diméthoate.

Martin Dawance

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