Patagonia veut sauver les dernières rivières sauvages d’Europe

Publié le 29 mars 2018 à 16:07 Aujourd'hui | 1198 vues

L’entreprise californienne de vêtements techniques éco-conçus de sport Patagonia a lancé le 16 mars 2018 un site et une pétition pour sauver les dernières rivières sauvages d’Europe.

Dans la péninsule balkanique, il existe 20 000 kilomètres de rivières sauvages qui relient la Bosnie à l’Albanie, un espace incroyable surnommé le « Cœur bleu » de l’Europe. D’autant plus extraordinaire qu’il abrite les dernières rivières sauvages du continent européen. Doté d’une histoire et d’une culture uniques, le Coeur bleu se retrouve aujourd’hui menacé par 3000 projets de barrages hydroélectriques. Pour sauver les rivières et sensibiliser l’opinion internationale sur l’hydroélectricité, Patagonia a lancé la campagne multimédia « Blue Heart » (Cœur bleu) le 16 mars 2018 avec un site et une pétition contre les banques qui financent la construction de ces barrages. L’entreprise de vêtements s’inscrit par ailleurs dans le mouvement « Sauvons le cœur bleu de l’Europe » initié par les ONG Euronatur et River Watch.

Une campagne multimédia pour sauver l’environnement et ses habitants

Pour sensibiliser l’opinion publique, la marque a réalisé un documentaire intitulé « Blue Hearth » qui sortira en avril 2018. La bande-annonce (voir ci-dessus) met d’abord en scène un homme âgé qui fume sa cigarette. Il confie à la caméra : « il ne peut y avoir de vie pour moi ici, quand la rivière sera devenue un désert ». Sur le fond d’images de rivières sauvages, Patagonia explique : « 3000 barrages hydroélectriques sont prévus dans les Balkans et 188 sont déjà en construction ». Ainsi, « des milliers de kilomètres de rivière, des millions de personnes, et des centaines d’espèces sont menacés ». Sur les plus de 3000 projets de barrages, 91% prévoient la construction de petits barrages hydroélectriques qui serviront à détourner les eaux des rivières, et même à les drainer et à les assécher. Les communautés locales se retrouveront alors sans eau potable et perdront leur habitat.

L’arrivée de ces barrages suscite l’indignation chez les défenseurs de l’environnement, des activistes locaux et des riverains qui manifestent dans la rue pour sauver leur lieu de vie. Pendant presque un an, des habitants bosniaques ont occupé le chantier de la Fojnicka et ont fait arrêter plusieurs constructions. À Tirana (capitale de l’Albanie), les militants ont interrompu les travaux de l’un des plus importants barrages prévus sur la Vjosa. Des femmes du village de Kruscica (en Bosnie-Herzégovine) ont manifesté nuit et jour pour préserver leur seule source d’eau potable. Des ONG européennes et locales menées par l’organisation River Watch et Euronatur s’opposent à la corruption des gouvernements qui alimente cette ruée vers l’hydroélectricité. La pétition de Patagonia vise directement les banques internationales qui financent la construction des barrages. Selon le rapport Bankwatch publié le 16 mars 2018, les banques multilatérales (Banque Européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale) et les promoteurs étrangers ont versé plus de 700 millions d’euros à cet effet depuis 2005. Aujourd’hui, plus de 30 projets financés par ces banques de développement concernent des zones protégées, entravant alors des directives européennes et des conventions internationales.

Une « technologie dépassée et abusive »

Il existe d’ores et déjà 1000 barrages dans les Balkans. Extrêmement chers à construire et à entretenir, les grands barrages sont nocifs pour l’environnement. En 2012 le réseau écologiste Les Amis de la terre avaient recensé les impacts négatifs des grands barrages. Ils sont notamment responsables de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et du déplacement de 40 à 80 millions de populations au cours du XXème siècle. Toujours selon les Amis de la terre, les barrages nuisent au développement durable et produisent une énergie lente, qui rend les pays dépendants à outrance, avec des réservoirs non renouvelables du fait de la sédimentation. Pour Patagonia, « les barrages hydroélectriques sont une technologie sale qui ne relève pas d’un mix d’énergies vertes ». Faux amis de l’énergie renouvelable, les barrages hydroélectriques sont décriés par les défenseurs de l’environnement. « C’est une perte d’argent et une fumisterie morale que certaines des plus grandes institutions financières mondiales aient adopté cette technologie dépassée et abusive, et financent de nouveaux barrages dans certains des derniers espaces sauvages d’Europe. Cette lutte est trop importante pour qu’on l’ignore » a déclaré Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia.

C’est loin d’être la première fois que Patagonia s’engage pour l’environnement. Sensible aux actions écologistes dès sa création, l’entreprise consacre officiellement 10% de son résultat au soutien d’associations environnementales locales depuis 1985. Trois ans plus tard, elle mène sa première campagne en soutenant un projet de désurbanisation de la vallée de Yosemite (Californie, États-Unis). La marque annonce par la suite qu’elle reversera 1% de ses ventes annuelles à des actions de protection de l’environnement. En tout, l’entreprise a donné 58 millions de dollars à plus de 1000 associations différentes.

Claire Lebrun

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