Perturbateurs endocriniens : la stratégie du gouvernement pour réduire l’exposition de la population
Publié le 3 septembre 2019 à 18:45 Aujourd'hui | 467 vues
Nous aurions tous six « polluants du quotidien » dans nos organismes : Santé publique France publie ce mardi 3 septembre une étude consternante sur ces perturbateurs endocriniens ou cancérigènes, avérés ou suspectés, qui nous contaminent, et expose quelques pistes sur l’origine des contaminations. Ce même jour, c’est conjointement que Elisabeth Borne et Agnès Buzyn ont présenté la stratégie du gouvernement pour lutter contre les perturbateurs endocriniens. On fait le point.
Bisphénols, phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés… Santé Publique France a étudié près de 70 biomarqueurs de 2014 à 2016 sur un échantillon représentatif de la population générale composée de 1104 enfants et 2503 adultes. Les résultats de l’étude publiés ce mardi 3 septembre font froid dans le dos : sans exception, nous sommes tous contaminés par ce que l’étude appelle « les polluants du quotidien ». Et les enfants sont particulièrement concernés.
Des polluants détectés dans l’organisme de toutes les personnes, adultes et enfants, de l’échantillon témoin
Absolument tout le monde est concerné et dans des proportions globalement identiques à ce qu’avaient déjà détaillé d’autres études outre-Atlantique au Canada et aux Etats-Unis.
Le cas des enfants est toutefois particulièrement inquiétant car l’imprégnation est chez eux nettement plus marquée. Les scientifiques émettent l’hypothèse que cela est dû au comportement même des enfants qui porteraient les objets à leur bouche d’une part, et seraient plus concernés par les poussières domestiques d’autre part. « Un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires, comparativement aux adultes » étant une dernière hypothèse.
Les produits d’hygiène et de beauté en haut de la pile des polluants
Toutes les personnes de l’échantillon ont été interrogées sur leurs habitudes de vie. Si l’alimentation ne semble pas liée à cette contamination, « l’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol » affirme le communiqué de Santé Publique France. Un seul facteur à portée de tous permet la diminution de l’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés : aérer très régulièrement son logement.
Réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens et la contamination de l’environnement : la stratégie du gouvernement en trois actes
En déplacement à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ce mardi 3 septembre, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’Enfance, ont présenté la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens.
L’action du gouvernement s’articulera autour de trois enjeux prioritaires :
– Former et informer. Pour cela, la liste des perturbateurs endocriniens sera publiée et partagée avec les partenaires européens dès 2020.
Les ministres ont indiqué que Santé Publique France mettrait par ailleurs à disposition des femmes enceintes et des jeunes mamans un site d’information « Agir pour Bébé » donnant des conseils pratiques pour limiter leur exposition aux produits chimiques dont les perturbateurs endocriniens.
Les professionnels de santé et de la petite enfance devraient eux recevoir une formation dédiée.
– Protéger l’environnement et les populations. Pour que les consommateurs puissent lire les étiquettes des produits ménagers, la liste des perturbateurs endocriniens à la main, encore faut-il que celles-ci soient claires et indiquent leur composition complète. C’est en partie pour cette raison que la réglementation qui s’applique aux objets du quotidien, notamment aux cosmétiques et aux jouets, devra être modifiée. Pour que cela soit efficace, la France demandera à la Commission européenne de réviser les règlements concernés.
– Accélérer la recherche sur les impacts des perturbateurs endocriniens sur la santé. A ce titre, l’étude de Santé Publique France publiée ce jour conforte la volonté d’agir pour limiter l’exposition aux substances chimiques.
Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un programme de biosurveillance s’appuyant sur l’enquête Esteban a été mis en place pour répondre aux préoccupations des Français et mesurer la présence de polluants de l’environnement dans le corps humain. Les résultats concernant les polluants du quotidien publiés aujourd’hui constituent le premier volet de cette grande étude de Biosurveillance menée par Santé publique France. Ils seront suivis de deux autres volets sur les métaux et les pesticides, précise Santé Publique France dans son communiqué.
Pour en savoir plus :
Le communiqué complet sur l’étude de Santé Publique France
Le plan d’action de la deuxième Stratégie nationale sur les perturbateurs présenté ce jour par les ministres
Le document de référence de la SNPE2
Le document de décryptage « la SNPE en 10 points »