Pourquoi les producteurs laitiers sont-ils en colère ?
Publié le 22 août 2016 à 14:15 Aujourd'hui | 1207 vues
Une opposition entre le groupe laitier mondial Lactalis et les producteurs laitiers accompagnés de leurs principaux syndicats fait parler d’elle depuis un moment. La cause ? La diminution du prix d’achat opéré par le géant.
Ce lundi 22 août, de nombreux producteurs venant de l’Ouest sont attendus à Laval, en Mayenne, devant le siège de Lactalis, le leader mondial des produits laitiers (Lactel, Président, Bridel, Célia). Ceux-ci vont manifester leur colère suite à la baisse du prix du lait.
En effet, le groupe laitier a annoncé payer, en juillet et en août, 256 euros les 1 000 litres à ses éleveurs quand ceux-ci en demandaient 340 pour dégager un revenu, rapporte Ouest-France. C’est « 10 à 30 euros de moins que leurs concurrents » (Danone, Sodiaal, Bel), explique Pascal Clément, président de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de l’ouest (FRSEA). Ce coût d’achat est « le prix le plus bas jamais annoncé », indique Marie-Andrée Luherne, secrétaire général de la FDSEA 56, ce qui fait de Lactalis « le plus mauvais payeur » parmi les industriels.
Démonstration de force
Ce sont les syndicats FDSEA (Fédérations départementales des syndicats d’exploitants), FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) et JA (Jeunes agriculteurs) qui sont à l‘origine de cette manifestation. Ils accusent le groupe mondial de tirer le prix d’achat du litre de lait au plus bas alors que le marché est déjà dégradé.
Lactalis aurait refusé un entretien avec le président de la FDSEA, Philippe Jehan, ce qui aurait poussé ce dernier à employer la manière forte. Celui-ci a indiqué qu’ils étaient prêts à camper, nuits et jours, devant le siège.
Déjà, les agriculteurs et leurs syndicats ont entamé un processus d’opposition. « Lactel ruine les éleveurs », voilà le message qu’ils ont diffusé à grande échelle, en collant des étiquettes sur les produits de l’entreprise en rayons, en affichant une banderole tirée par un avion, en installant des bâches le long des routes et même en utilisant le hashtag #LactelRuineLesEleveurs.
Lactalis appelle au calme
Le groupe Lactalis dénonce des actions syndicales irresponsables. Dans un communiqué, il accuse les producteurs et leurs organisations de casse, de dénigrement et d’actions diffamatoires : « Prendre l’entreprise pour cible ou bouc émissaire d’une crise laitière qui est européenne et mondiale de manière permanente et exclusive et ce, quels que soient les motifs, n’est pas acceptable » a déclaré Michel Nalet, porte-parole du Groupe Lactalis.
Pour le géant, ce prix reste plus élevé que ceux de leurs voisins européens. « Dénigrer, sticker les produits à marque du Groupe Lactalis c’est scier la branche sur laquelle les producteurs, et en premier lieu ceux livrant à Lactalis, sont assis. Cette stratégie largement orchestrée par FNSEA, JA et FNPL est contre-productive et nuit d’abord aux intérêts des producteurs qui approvisionnent le Groupe. Elle cible également l’ensemble des collaborateurs du Groupe Lactalis qui agissent au quotidien pour le développement et la pérennité du Groupe ».
Ce lundi 22 août au matin, Michel Nalet, porte-parole du Groupe Lactalis, a déclaré au micro de France Inter : « Nous attendons que cette manifestation se passe dans le calme, dans le respect des biens et des personnes, et qu’il n’y ait pas de débordement. Pour ce qui concerne la FNSEA et la FNPL qui ont demandé un rendez-vous à notre président, nous avons répondu que bien entendu nous sommes disposés à discuter avec elles. Mais on ne peut pas à la fois guerroyer et faire un blocus et stigmatiser notre groupe et demander de se mettre autour de la table ».
