Quel Label garantit l’engagement responsable des entreprises ?
Publié le 19 novembre 2019 à 14:01 Aujourd'hui
Aujourd’hui, les consommateurs souhaitent savoir si les biens qu’ils achètent sont produits par des entreprises responsables, et les salariés veulent travailler pour une société dont ils sont fiers. Mais comment s’en assurer ? Si les labels jouent en partie ce rôle, il reste que tous les labels ne sont pas tous aussi exigeants. Pour mieux comprendre, nous avons demandé à l’Afnor de nous aider à y voir plus clair.
Les entreprises sont-elles mûres à changer leur raison d’être pour intégrer des valeurs sociales, sociétales et environnementales ? Si l’on en croit une solide étude menée par l’AFNOR entre septembre et octobre 2019 auprès de plus de 400 entreprises ayant déjà fait le pas d’une démarche volontaire de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), la réponse est oui.
Et c’est une bonne nouvelle car emprunter cette voie n’est que facteur de bénéfices pour l’entreprise, comme l’explique Mélodie Meranda, Chef de projet RSE et économie circulaire au sein de l’AFNOR certification : « S’engager dans une démarche RSE renforce l’engagement des collaborateurs et développe l’attractivité de l’entreprise. Elle incite également l’organisation à toujours plus innover, et, in fine, l’aide à se démarquer de la concurrence », ce qui lui apporte plus de volumes d’affaires et est donc finalement une démarche économiquement très profitable sur le long terme.
Un label pour aider les entreprises dans leur démarche et valoriser leur engagement
Pour autant, même si de plus en plus d’organisations sont convaincues, au-delà de leurs obligations réglementaires, qu’elles doivent prendre en compte dans leur activité ces questions sociales, sociétales et environnementales, les difficultés à mettre en place des stratégies d’entreprises globales sont encore grandes : manque de temps et de mobilisation en interne, manque d’expérience et de pratique.
L’Association française de normalisation (Afnor) représente la France auprès de l’Organisation Internationale de normalisation (ISO). On peut donc dire qu’en terme de certification, d’études des normes et de leur respect, elle s’y connait ! Logiquement, elle a ainsi développé il y a dix ans son propre label sur la question : le Label Engagé RSE. Selon l’engagement de l’entreprise et l’évaluation de ses performances, elle obtiendra l’un des quatre niveaux du label : « Niveau 1 », « Progression », « Confirmé » ou « Exemplaire ». Selon le niveau atteint, elle pourra le promouvoir dans ses outils de communication interne ou externe.
Les étapes de la certification du Label Engagé RSE
L’étude menée par l’Afnor montre que la norme ISO 26000 est le texte le plus connu en matière de « mode d’emploi » pour réaliser une démarche RSE, conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD) défini par l’ONU. Passer de la théorie à la pratique peut ensuite être facilité via une démarche de certification.
En effet, l’Afnor par exemple dans le cadre de son label a mis en place une méthode d’évaluation d’une structure organisée en huit chapitres qui couvrent les pratiques et les résultats. Tout commence par une phase préparatoire avec un évaluateur qui va poser les bases d’un planning de co-évaluation. On va ici poser les grandes questions qui détermineront la façon dont la stratégie RSE est prise en main dans l’entreprise : est-ce que la Direction porte le message et comment ? Les parties prenantes ont-elles été identifiées ? Comment se déroule la gouvernance ? Comment sont prises en considération les règles anti-corruption ?…
Au terme de cette première étape, il s’agira de formaliser la stratégie RSE de l’entreprise, d’identifier qui la porte en interne et quels sont les indicateurs mis en place pour l’évaluer.
L’Afnor aborde ensuite le volet Ressources Humaines pour valider que la politique menée est bien au service du RSE : on étudiera les notions d’égalité, de formation, de partage de valeurs…
Vient après l’étude la consommation et de la production interne sous l’angle du développement durable, du respect de la biodiversité, de la politique des achats qui doit être responsable… toutes ces considérations étant évidemment adaptées en fonction des secteurs d’activité.
L’évaluateur va, enfin, étudier l’ancrage locale de l’entreprise et son impact environnemental et durable, avant d’aborder les trois derniers chapitres qui visent à évaluer les performances de l’organisation : performance environnementale, performance économique et performance sociétale.
Un comité d’experts pour statuer sur l’accès à la certification
Au total, le Label Engagé RSE étudie 55 critères de façon très précise. L’évaluateur rédige ensuite un rapport qu’il adresse d’abord à l’entreprise : au-delà des conseils engrangés tout au long du processus, l’entreprise peut annoter le document et préciser par exemple des actions qu’elle aurait déjà corrigées ou entreprises.
Le rapport est ensuite envoyé à l’Afnor et un comité d’experts va statuer sur le niveau à donner. Ce dernier sera valable trois ans, à condition toutefois de réaliser un an après une évaluation de suivi.
Lucie, Ecocert, B-Corp et Ecovadis : d’autres labels RSE
La certification Label Engagé RSE reste la plus connue selon les sondés de l’étude*, devant Lucie 26000 ou Ecocert 26000.
D’autres labels existent aujourd’hui qui ne demandent parfois que des démarches 100 % digitales. Basés sur les réponses à des questionnaires plus ou moins fouillés, ils sont finalement portés en grande partie par la bonne foi des entreprises qui y répondent, même s’il y a toutefois des éléments de preuve à apporter en téléchargeant des documents.
C’est le cas notamment de B-Corp, gérée par l’association « B Lab » et dont l’objectif est d’engager le secteur privé sur le chemin de la durabilité et d’agir dans l’intérêt général. B-Corp est présent aujourd’hui dans 60 pays et se base sur une évaluation 100 % en ligne, ce qui est l’objet principal des critiques vis-à-vis de cette certification.
Ecovadis est quant à elle spécialisée sur l’évaluation des fournisseurs et de la chaine d’approvisionnement depuis 2007. Elle base sa notation sur 21 critères et 4 thèmes (Environnement, Conditions de travail équitables, Éthique des affaires, et Achats responsables). Elle permet d’aider les entreprises dans leur choix de leur fournisseur selon des critères responsables.
Comment s’assurer de la fiabilité d’un label ?
N’importe qui peut créer un label selon des critères qu’il définit lui-même. Aussi, il convient d’être vigilant. Mélodie Meranda précise ainsi : « Pour déterminer si un label indépendant est robuste, il convient de vérifier quels sont les critères de vérification : s’agit-il d’un questionnaire à distance ou un auditeur se déplace-t-il ? quel est le référentiel du label ? Est-il accessible et public ? De quoi est-il constitué ? Comment est-il attribué ?…»
En d’autres termes, la robustesse du dispositif sera aussi mesurée à l’aune de la transparence des critères d’évaluation et d’attribution. Cela sera d’autant plus important que le public averti ne sera pas dupe de politiques de « greenwashing », entendez ces entreprises qui font semblant d’être vertes et responsables sans l’être vraiment.
Pour en savoir plus
L’Afnor est un groupe associatif qui assure une mission d’intérêt général pour l’élaboration de normes volontaires. Elle accompagne depuis dix ans tout type d’organisations notamment sur le terrain de la RSE : des entreprises (TPE et PME essentiellement), mais aussi des collectivités locales, des conseils départementaux…
Le label Lucie 26000
Le label Ecocert 26000
Le label B-Corp
Le label Ecovadis
e-engagé RSE : le label en ligne de l’Afnor