Sailing For Change : un tour du monde à la voile… zéro déchet !

Publié le 14 avril 2016 à 11:15 Demain | 2005 vues

Quatre jeunes Bretons se sont lancés le défi de faire un tour du monde à la voile pas comme les autres. Pendant deux ans, ils traverseront trois océans et effectueront trente escales avec pour objectif de prouver qu’il est possible de vivre sans produire de déchets.

Qui n’a jamais rêvé de faire le tour du monde sur un bateau ? Partir à l’aventure et voguer sur les eaux de notre belle planète… Enfin belle, presque. Car aujourd’hui, notre monde devient une grande décharge. Chaque année, près de 4 milliards de tonnes de déchets sont produits dans le monde. Et parmi ces déchets, seuls 20% sont revalorisés, et les 80% restant finissent dans des incinérateurs, des décharges ou bien dans la nature, dont les océans sont les principales victimes. 270 000 tonnes de détritus en plastique y flottent actuellement. Une pollution marine qui a eu pour conséquence la formation d’une immense plaque au Pacifique Nord constituée de micro-plastiques qui convergent dans un tourbillon de courants marins : un gyre océanique. Quatre autres gyres ont été récemment découverts dans l’Océan Indien, le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord et Sud. Et ne parlons pas des effets catastrophiques sur l’environnement, notre santé et sur les animaux marins !

Les responsables ? L’activité humaine bien sûr, et notre système économique, dit linéaire, qui consiste à produire, consommer et jeter. Mais ce système ne peut durer car les ressources sur Terre sont limitées… comme sur un bateau. C’est en tout cas le constat effectué par la navigatrice Ellen MacArthur après son tour du monde à la voile en solitaire. Depuis son retour, au travers de sa fondation, elle se bat pour une économie circulaire. Une économie qui a pour objectif de réduire les déchets en privilégiant le recyclage et l’utilisation des énergies renouvelables. Pour que rien, ou presque, ne se perd.

Ce système économique, Igor Cottin, Joaquim Manuel, Brendan Goumon et Robin Chenel veulent le mettre en pratique et le promouvoir, via leur association « Sailing for Change » créée en juillet 2015. Ces quatre jeunes Bretons de la presqu’île de Rhuys partiront pour un tour du monde unique. Pendant deux ans, ils navigueront sur trois océans et effectueront trente escales à travers les cinq continents, avec la ferme intention de démontrer qu’il est possible de vivre sans déchet, de réduire presque à néant son impact environnemental. « Nous voulons construire le monde de demain, plutôt que de regarder celui d’hier se défaire », avancent-ils. Tout est dit.

Objectif zéro déchet

Et cela passe d’abord par leur voilier, le « cinquième membre de l’équipage » comme ils le surnomment. Baptisé « Elkolibri », le Gin Fizz, construit en 1977 par le Chantier Jeanneau, sera équipé d’un moteur électrique et d’un moteur thermique (en cas d’urgence lorsque la météo sera peu clémente), d’une éolienne, d’un dessanilisateur, d’un hydrogénérateur placé sous la coque qui permettra de recharger les batteries, et d’un panneau solaire monté à l’arrière du bateau. Bref, un voilier pratiquement autonome en énergie. Et pour équiper tout cela, ils utiliseront au maximum les low-tech, des technologies sobres et durables. Les circuits électriques seront eux revus et l’éclairage passera en LED afin de réduire leur consommation. Quant à l’aménagement, les quatre futurs navigateurs ont pensé à tout. Ils prévoient même d’installer un mini-potager afin de faire pousser des plantes aromatiques, par exemple, et une cage à poules.

Elkolibri, un bateau autonome en énergie

Elkolibri, un voilier autonome en énergie

Au cours de leur expédition, Igor, Joaquim, Brendan et Robin, élaboreront leurs propres produits d’hygiène en n’utilisant que des substances naturelles, qu’ils conserveront dans des récipients réutilisables et recyclables. Ils n’achèteront également que des produits locaux et biologiques vendus en vrac, sans emballage, en utilisant des sacs réutilisables. Et pour réparer, réutiliser ou transformer le matériel endommagé, ils solliciteront, lors de leurs escales, des acteurs de l’économie circulaire comme des centres de revalorisation de déchets, des centres de méthanisation, des ONG, des associations ou encore, des artisans qui n’utilisent que des déchets pour créer.

Et pour mener à bien le projet Sailing For Change, les quatre matelots pourront s’appuyer sur leur marraine, Béa Johnson, qui n’est autre que la pionnière du zéro déchet. « Nous testerons ses recommandations », nous confie Igor.

Une aventure scientifique

Outre l’objectif du zéro déchet, l’expédition se veut également scientifique. Les quatre navigateurs auront pour mission d’étudier la pollution marine et la biodiversité, en partenariat avec des associations, des ONG et des organismes scientifiques. Toutes les données récoltées pendant leur voyage seront envoyées pour aider la recherche. Par exemple, l’équipage déposera des balises en mer. Ces dernières enverront automatiquement des informations au programme JCOMOPS de l’Ifremer qui pourra alors étudier la météo et les effets du changement climatique. Ils participeront également, entre autres, au programme Plankton Planet en prélevant des échantillons de plancton.

Les quatre navigateurs auront aussi pour mission d’étudier la pollution marine et la biodiversité.

Les quatre navigateurs auront aussi pour mission d’étudier la pollution marine et la biodiversité.

La portée de leur périple ne s’arrête pas là. Les explorateurs testeront aussi plusieurs matériaux et équipements, en bioplastique par exemple, d’entreprises innovantes et concernées par le changement climatique. « Notre tour du monde permettra d’évaluer les capacités de ces équipements et de relever les points forts mais aussi les points d’améliorations », précisent-ils. Ils participeront d’ailleurs au projet Nomade des Mers pour tester des low tech.

Sensibiliser le grand public

Cette aventure hors du commun, Igor, Joaquim, Brendan et Robin souhaitent la partager au plus grand nombre. Pendant leur voyage, les marins écolos effectueront une série de quinze reportages vidéo dans le but de dévoiler les impacts néfastes des déchets mais aussi de mettre en lumière les initiatives mises en place à l’étranger. Comme celle d’une association à Bali, Bye Bye Pastic Bags qui milite pour en finir avec les sacs plastique, ou bien celle de l’ONG WWF et du Parc National des Galapagos qui ont réhabilité un ancien bateau de pêche illégal en une embarcation fonctionnant à l’énergie solaire pour transporter les touristes sans impacter la biodiversité du parc. Tous ces beaux projets sont à découvrir sur leur carte interactive.

Les internautes pourront également visionner leur web-série qui présentera au fil des épisodes les démarches et les actions à effectuer pour tendre vers le zéro déchet. Pour les visionner, c’est ici. Vous pourrez également les suivre sur leurs réseaux sociaux (Facebook, Twitter)  ou en vous inscrivant à leur newsletter mensuelle.

Dans le but de sensibiliser un large public, leur projet ambitieux sera aussi présenté avant, pendant et après leur long voyage dans plusieurs établissements français, dont le collège de Ruys, le Master Développement Durable et Aménagement de l’Université Paul Valéry de Montpellier, ou encore la maison de retraite de Sarzeau en Bretagne.

Le départ est prévu pour octobre 2016. De la Bretagne, en passant par le Cap-Vert, le Canal de Panama, la Polynésie Française, l’Indonésie et la Namibie, les navigateurs « green » parcourront en moyenne 57 000 kilomètres. À quelques mois du jour J, Igor, Joaquim, Brendan et Robin éprouvent quelques craintes mais se disent « très excités à l’idée de vivre une telle aventure ». D’ici là, ils doivent encore boucler leur budget estimé à un peu plus de 100 000 euros, dont la moitié est financée par ces quatre navigateurs qui agissent pour le futur de notre belle planète.

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Marine VAUTRIN

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