Vers une autorisation de la pêche électrique ?

Publié le 11 octobre 2017 à 13:21 Aujourd'hui | 3433 vues

La pêche électrique, interdite depuis 1998, pourrait être de nouveau autorisée. La Commission de la pêche du Parlement européen doit se pencher sur cet épineux sujet en novembre prochain.

 La pêche électrique peut-elle être considérée comme une méthode « conventionnelle » ? La Commission de la pêche du Parlement européen doit répondre à cette question en novembre prochain. Si oui, cette pratique pourrait être rétablie. La pêche électrique est interdite depuis 1998 par un règlement en faveur de la conservation des ressources de pêche, mais la Commission européenne octroie depuis 2007 des dérogations à titre expérimental, à la demande des Pays-Bas. La réglementation permet à chaque État membre de l’Union européenne d’équiper en électrodes jusqu’à 5% de sa flotte de chalutiers à perche. Pour le moment, aucun bilan n’a été tiré de ces années d’expérimentation.

La pêche électrique, une pratique controversée

Mais au fait, qu’est-ce que la pêche électrique ? Cette technique consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans le sédiment pour y capturer des poissons benthiques, c’est-à-dire vivant au fond des mers. Pour l’ONG Bloom, spécialisée dans la défense des océans et de la pêche durable, ce type de pêche a des impacts très violents sur les poissons qui, remontés dans les chaluts, « montrent souvent des brûlures, des ecchymoses et des déformations du squelette consécutives à l’électrocution ». « De plus, il existe encore de grandes incertitudes à propos de l’impact sur les poissons électro-sensibles (requins et raies), pour lesquels aucune étude n’a jamais été réalisée sur leur réponse à des champs électriques tels que ceux générés par la pêche électrique », ajoute-t-elle.

La méthode est aussi vivement critiquée du côté de certains pêcheurs. « Un certain nombre de nos professionnels, notamment à Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer, y sont farouchement opposés car ils ont constaté qu’après le passage de ces chalutiers de pêche électrique, il y avait un taux de mortalité, notamment des juvéniles, relativement important », indique à France Inter, Hubert Carré, le directeur général du Comité national des pêches.

Pour les défenseurs de la pêche électrique, à commencer par son inventeur, cette technique n’est pas dangereuse. « Certaines personnes pensent encore que le poisson est électrocuté, ce n’est pas vrai, les muscles et le système nerveux du poisson sont stimulés par les impulsions et ça le fait sortir, de lui-même, des fonds dans lesquels il est enfoui », affirme Harmen Klein Woolthuis, cité par la radio. D’autres avancent les avantages que représente la pêche électrique : plus efficace, plus économe (une consommation de carburant réduite) et moins polluante (moins de carburant donc moins de CO2 rejeté). Elle serait aussi moins impactante sur l’habitat (engins moins lourds).

Plainte contre les Pays-Bas

La Commission de la pêche du Parlement européen devra décider si la pêche électrique peut être considérée comme une méthode « conventionnelle ». Le dossier sera examiné le 21 novembre prochain. En février dernier, la France s’était positionnée pour le maintien du règlement interdisant la pêche électrique et pour la fin des nombreuses expérimentations.

Le 2 octobre dernier, Bloom a de son côté porté plainte contre les Pays-Bas auprès de la Commission européenne « pour avoir illégalement accordé des licences permettant à ses navires de pratiquer la « pêche électrique » ». Pour l’ONG, « les Pays-Bas ont bafoué la réglementation en équipant — au titre de « la recherche et de l’innovation » — 28% de leurs chalutiers à perche soit 84 navires, au lieu des 15 licences maximum dont leurs navires devraient bénéficier ». « Les stocks de poissons sont chroniquement surexploités et l’effort de pêche est si élevé que les pêcheurs n’ont pas d’autre choix que de s’engager dans une course à l’efficacité technologique pour tenter d’optimiser leurs rendements. C’est un cercle vicieux auquel il faut mettre fin », estime Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, dans un communiqué.

Marine VAUTRIN

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